Les esprits égyptiens ont excellé dans le traitement de ces titres pour former une solide et riche base de connaissances liée à la cause palestinienne et aux questions et problèmes qui en résultent. Parmi les noms qui ont contribué à l’établissement et à l’enracinement de cette base de connaissances, on peut citer, entre autres, Gamal Hemdane, Mohamad Hassanein Heikal, le pape Chénouda III, Abdel-Wahab Al-Messiri, Qadri Hefni, Ibrahim Al-Bahrawi, Lotfi Al-Khouli, Amin Howeidi, William Soliman Qélada, Al-Sayed Yassine, Mahgoub Omar, Hassan Sabri Al-Khouli, Fouad Morsi, Ghali Choukri, Nabila Ibrahim, Rachad Al-Chami et Magdi Nassif. D’autres poursuivent ce processus comme Awatef Abdel-Rahman, Réfaat Sayed Ahmad, Samir Ghattas, Ahmad Bahaaeddine Chaabane, Tarek Fahmy, Emad Gad, Sobhi Esseila et d’autres.
L’esprit égyptien a abordé l’histoire de la Palestine comme point de départ pour comprendre ce qui s’est passé depuis la Déclaration de Balfour (1917), en passant par la Nakba et jusqu’à nos jours. Dans ce contexte, il est nécessaire de faire référence aux écrits d’Anouar Abdel-Malek (1924-2012), dans lesquels il a attiré l’attention, en 1977, sur la nécessité de revenir aux origines de la crise car ce serait une grave erreur de se préoccuper de la dualité de la guerre et de la paix loin de deux choses importantes. La première est ce qui est arrivé à la Palestine historique et ses frontières, les déplacements forcés des Palestiniens et le génocide dont ils sont victimes, la judaïsation de Jérusalem, la construction des colonies, etc. La seconde est le conflit entre l’Occident et notre région depuis les campagnes occidentales jusqu’à nos jours. Une grande partie de la littérature qui n’est pas sujette aux pressions politiques estime qu’il n’y a aucune garantie que la cause palestinienne soit le dernier maillon du conflit historique entre ces deux parties.
Ceci nous ramène à la question fondamentale : pourquoi la Palestine a-t-elle été choisie pour instaurer un foyer national pour les juifs alors qu’il y avait d’autres choix ? Des choix détaillés par Tarek Al-Bishry (1933-2021) dans son livre Les musulmans et les coptes dans le cadre de la communauté nationale, publié en 1980. Selon lui, ce que les Britanniques considéraient comme les impératifs de la sécurité de l’Egypte n’était autre que leur propre sécurité en Egypte, soit la stabilité de leur présence en Egypte, c’est-à-dire que la sécurité de l’Egypte aux yeux des Britanniques était qu’elle perde son indépendance et sa sécurité nationale. D’autre part, l’histoire de l’Egypte depuis Ramsès et Thoutmosis révèle que la sécurisation et la défense de l’Egypte commencent par la Palestine. En plus, des documents britanniques indiquent que c’est le mouvement sioniste qui est à l’origine du projet de l’établissement d’un foyer national pour les juifs (voir L’Etat juif de Herzl, 1896, et Le sionisme, le plus haut stade du colonialisme de Fathi Al-Ramli) et que l’un de ses nombreux objectifs est la réalisation des intérêts occidentaux dans la région, d’une part, et l’encerclement de l’Egypte, d’autre part. Ce qui corrobore les deux considérations avancées par Abdel-Malek.
A la lumière des idées fondatrices mentionnées ci-dessus et à chaque étape de notre histoire nationale, en particulier après la nationalisation du Canal de Suez et l’agression tripartite de 1956, l’esprit égyptien a accumulé des connaissances sur la cause palestinienne dans toutes ses dimensions et sur les différentes questions connexes. Il s’est également rendu compte de l’importance d’étudier l’intérieur israélien, en particulier après 1967, comme les racines et l’évolution de la relation historique entre l’Occident et les juifs, les raisons de la promesse occidentale de créer un Etat pour les juifs et ses objectifs, les projets expansionnistes, ainsi que le lien structurel avec les Etats-Unis, la nouvelle relation avec la droite religieuse aux Etats-Unis, la stratégie militaire et la nature de la classe dirigeante en Israël. Tous ces thèmes et bien d’autres ont été abordés par les esprits égyptiens au cours des soixante dernières années. En plus, ceux-ci ont tenu à faire la différence entre les juifs et le droit à la vie humaine, d’une part, et le mouvement sioniste et son projet de colonisation, d’autre part.
Dans ce contexte, les « non » exprimés par la présidence égyptienne reflètent la vision relative à la sécurité nationale que l’esprit égyptien a développée au fil des décennies sur la cause palestinienne, notamment sur le Sinaï. Ils mettent l’accent sur les constantes de la sécurité nationale qui reposent sur la protection et le maintien de la souveraineté nationale.
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