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La surprise du 7 octobre

Samedi, 21 octobre 2023

Du point de vue historique, ce qui s’est passé le 7 octobre sur la terre de Palestine ne représente nullement une surprise.

Cette terre est le théâtre d’un projet colonial qui a commencé depuis la fin du XIXe siècle, suivi de l’immigration des juifs en Palestine facilitée par les autorités du mandat britannique depuis 1922, la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, puis l’occupation de la totalité des terres palestiniennes après l’agression de 1967. Durant toutes les décennies qu’il a fallu pour mettre en oeuvre le projet sioniste en Palestine, le mouvement sioniste puis les autorités israéliennes depuis 1948 ont agi comme toute puissance coloniale. A l’instar du colonialisme européen des siècles précédents, ils ont violé les droits fondamentaux des peuples colonisés, y compris le droit à la vie, et pillé ses richesses.

Le cas israélien en Palestine est exactement le même. La preuve en est ce que le journaliste israélien de gauche Gideon Levy a écrit dans Haaretz le 8 octobre disant que les événements de la veille étaient le résultat de l’arrogance israélienne : « Nous nous sommes permis de faire ce que bon nous semble, convaincus que nous n’en paierons jamais le prix, ni n’en serons jamais punis. Nous leur avons arraché les yeux, fracassé le crâne. Nous les avons expulsés de leurs terres pour les confisquer et les piller. Nous les avons enlevés à leurs familles. Nous avons exécuté un nettoyage ethnique et imposé un siège déraisonnable sur Gaza en pensant que tout ira bien ». Levy continue en ironisant que les Israéliens sont convaincus que les miettes données aux Palestiniens sous forme de permis de travail ou que la normalisation des relations avec les pays arabes pourraient résoudre le problème, alors que des milliers de personnes sont emprisonnées et que toutes les tentatives de parvenir à une solution politique sont rejetées. Il ironise également des menaces israéliennes de punir Gaza comme jamais auparavant en disant qu’Israël punit Gaza depuis 1948. Ce qui prouve qu’Israël n’a rien appris.

Bien que ce qui se soit passé le 7 octobre n’ait pas été de surprise du point de vue historique, il l’est certainement en termes de timing et de taille. En ce qui concerne le timing, ces événements sont survenus alors que nombreux pensaient que le Hamas s’est complètement adapté au gouvernement israélien le plus extrémiste de l’histoire d’Israël. Nous nous rappelons ce qui s’est passé en mai dernier quand le Hamas a fait comprendre qu’il ne se mêlerait pas des affrontements entre Israël et le Djihad islamique, à tel point que Netanyahu lui-même a nié toute participation du Hamas à cet affrontement. Je pense qu’il s’agissait d’une sorte de stratégie de diversion qui a porté ses fruits. Le moment de l’opération avait aussi une autre signification, à savoir qu’elle a coïncidé avec des évolutions qui semblaient montrer que la principale préoccupation palestinienne est l’élargissement de la normalisation entre Israël et les pays arabes.

Quant à la taille de l’offensive, personne ne s’attendait ni à la nature, ni à la portée de l’opération, car elle comprenait la prise d’assaut de nombreuses colonies et sites militaires dans la soi-disant enveloppe de Gaza, en plus des milliers de roquettes tirées sur des cibles au sein d’Israël. Jusqu’à la rédaction de ces lignes, les chiffres officiels israéliens indiquent près d’un millier de morts et trois fois plus de blessés, ainsi qu’un nombre indéterminé de prisonniers et d’otages que les estimations les plus prudentes évaluent à une centaine. Un choc terrible pour les Israéliens. Il était certain que la réponse israélienne serait horrible. Israël a déjà détruit une grande partie de Gaza, avec des déclarations qui ne cachent pas l’intention de la détruire complètement si possible, que ce soit par des raids aériens ou en la privant d’eau, d’électricité et de tous les éléments nécessaires à la vie. Il est certain qu’Israël réussira à détruire Gaza comme jamais auparavant. Cependant, sa mentalité coloniale ne se rend pas compte que Gaza se relèvera des décombres après un an, dix ou même des décennies. Gaza, ainsi que toute la Palestine et les peuples qui aspirent à la liberté ne succomberont jamais, comme l’histoire nous l’a appris, jusqu’à ce que la mentalité coloniale soit détruite et que les droits reviennent à leurs propriétaires. Ces événements auront de graves répercussions régionales et le conflit pourra s’étendre et avoir des répercussions internes chez ses voisins.

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