Y ont participé notamment des chefs d’Etat, des premiers ministres et des ministres de Tunisie, de Mauritanie, des Emirats Arabes Unis (EAU), d’Egypte, de Libye, d’Algérie, d’Ethiopie, du Niger, d’Arabie saoudite, du Maroc, de Turquie, du Qatar et de Grèce, en présence de la première ministre italienne, Giorgia Meloni, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
La rencontre a abouti à une approche globale comprenant à la fois un accord sur les mesures à prendre pour lutter contre les flux de la migration irrégulière à travers la Méditerranée, notamment le trafic d’êtres humains, et un plan qui s’adresse aux causes profondes de l’émigration par une coopération en matière d’investissement en faveur du développement, qui porte les marques du gouvernement italien. A ce titre, les participants se sont engagés à mettre des fonds pour soutenir ce que Meloni a appelé le « processus de Rome », qui se déroulera sur plusieurs années. La prochaine étape sera une conférence de donateurs, dont les EAU qui ont déjà promis une aide de 100 millions de dollars.
La conférence de Rome s’inscrit dans la lignée de l’accord du « Partenariat stratégique » signé le 16 juillet entre l’Union Européenne (UE) et la Tunisie, un pays de transit majeur pour les migrants irréguliers en Méditerranée. Ce partenariat, dont la première ministre italienne a été le fer de lance, prévoit de renforcer les mesures visant à freiner les départs irréguliers de Tunisie, tout en fournissant des aides économiques au gouvernement tunisien par le biais d’accords ciblés sur les investissements et l’énergie renouvelable. Les détails financiers de l’accord n’ont pas été divulgués, mais l’UE a promis 100 millions d’euros pour un meilleur contrôle des frontières, visant à empêcher le départ des bateaux de migrants et à lutter contre les passeurs, ainsi qu’à former des missions de recherche et de sauvetage en mer. L’accord prévoit également que davantage de Tunisiens illégaux soient rapatriés et que les migrants africains subsahariens en Tunisie soient renvoyés dans leur pays d’origine. Un paquet financier beaucoup plus important de l’UE de près d’un milliard d’euros a été promis pour aider à relancer l’économie tunisienne, en proie à une crise majeure de la dette. L’accord de partenariat avec la Tunisie a été salué par la présidente de la Commission européenne comme « un modèle » et « un plan pour l’avenir » des partenariats de l’UE avec d’autres pays du pourtour sud de la Méditerranée.
La nouvelle approche développée par la conférence de Rome et par le partenariat stratégique avec la Tunisie est le fruit de la constatation faite par l’UE et l’Italie, première destination de la migration irrégulière, que la voie sécuritaire ne peut pas à elle seule endiguer les flux migratoires vers les côtes européennes, et qu’une approche plus globale, qui s’attaque aux racines profondes de la migration irrégulière, était nécessaire. La recherche s’est alors orientée vers l’amélioration des perspectives économiques des pays les plus pauvres, originaires des migrants, à travers une meilleure coopération en faveur du développement, notamment dans des domaines tels que la lutte contre le changement climatique — un facteur de désertification et de paupérisation qui pousse à l’émigration — et la promotion des énergies renouvelables.
Pour s’adapter à la nouvelle approche, la première ministre italienne, appartenant à l’extrême droite anti-migratoire, a marqué un changement par rapport à sa rhétorique passée en soulignant que l’UE et l’Italie « ont besoin d’immigration » et que son gouvernement est donc disposé à accueillir davantage de migrants par des voies légales, même si « l’arrêt des réseaux de traite des êtres humains » reste un objectif majeur. L’Italie a une population vieillissante et en déclin, et a besoin de travailleurs supplémentaires pour soutenir son économie. En début de juillet, elle s’est engagée à délivrer 452 000 nouveaux visas de travail pour les ressortissants de pays non membres de l’UE de 2023 à 2025, augmentant le nombre de visas disponibles chaque année à un maximum de 165 000 en 2025. En 2019, avant la pandémie de Covid-19, l’Italie n’a délivré que 30 850 visas.
Lors de la campagne électorale de 2022 qui l’a portée au pouvoir, Meloni s’est engagée à « arrêter le débarquement » de migrants en Italie, que le gouvernement évalue à près de 80 000 arrivées côtières depuis janvier, contre 33 000 à la même période de l’année dernière. Mais alors que le nouveau gouvernement a mis des obstacles sur le chemin des navires humanitaires secourant les migrants en Méditerranée, il n’a pas réussi à arrêter les départs eux-mêmes, qui proviennent principalement de Tunisie et de Libye. Depuis, Meloni s’est employée à forger une nouvelle approche au-delà des mesures de sécurité et a adouci sa rhétorique intransigeante du passé.
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