Tournant parce que cette révolution a évité à l’Egypte une guerre civile aux conséquences désastreuses. L’ancien président frériste, Mohamad Morsi, avait accédé au pouvoir avec une très faible avancée sur son rival, l’ancien premier ministre sous Moubarak, Mohamad Chafiq. Un tel résultat aurait dû inciter la confrérie à accepter des compromis avec les autres composantes de la scène politique, surtout la jeunesse révolutionnaire. Mais les Frères, sans expérience politique, coupent vite les ponts avec les mouvements séculiers et se rapprochent des mouvements islamistes radicaux. Pourtant, Morsi s’était engagé au terme de l’élection présidentielle, dans un document signé avec des personnalités et des collectifs non islamistes, à former un gouvernement de coalition, à respecter l’Etat civil et à nommer au poste de vice-président un copte et une femme. Mais une fois au pouvoir, il s’est contenté de nommer des conseillers coptes sans fonctions précises. La déclaration constitutionnelle du 22 novembre 2013, en vertu de laquelle Morsi s’est approprié les pleins pouvoirs, était la goutte qui a fait déborder le vase. Elle a provoqué la défection des personnalités non islamistes qui avaient accepté de s’allier aux Frères au sein de la commission en charge de rédiger la Constitution. Avec une crise politique à son paroxysme, il devenait clair que le maintien au pouvoir de la confrérie était impossible. Avec la Révolution du 30 Juin, l’Egypte s’est éloignée du spectre de l’Etat autocratique religieux et s’est dotée d’une Constitution moderne loin de toute discrimination basée sur la race, le sexe ou la religion. Si les Frères ont échoué dans leur expérience au pouvoir, c’est parce qu’ils ont été incapables de comprendre le concept de citoyenneté et les impératifs de l’Etat civil.
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