Le projet, hautement controversé, donne au gouvernement israélien la main haute sur la Cour suprême, de sorte que cette dernière ne soit plus en mesure d’invalider des lois ou des politiques jugées anticonstitutionnelles. Mais pire encore, le projet donnait au gouvernement un contrôle direct sur la commission chargée de choisir les juges.
En cherchant à contrôler la nomination des juges, Benyamin Netanyahu voulait, semble-t-il, prendre le dessus sur une justice avec laquelle il a bien des problèmes. Le chef du gouvernement israélien est, en effet, inculpé dans une série d’affaires de corruption. Il a été accusé en 2016 par les autorités judiciaires de fraude, d’abus de confiance et de pot-de-vin. Il est notamment soupçonné d’avoir accordé des faveurs à de richissimes hommes d’affaires en échange de cadeaux et de services rendus. En février 2018, la police a formellement recommandé qu’il soit poursuivi. Et le procès a commencé en mai 2020. Il devait initialement durer un an ou plus, mais a été retardé à plusieurs reprises, notamment pour cause de restrictions anti-Covid.
En voulant sauver sa peau, Netanyahu s’est enfoncé un peu plus dans les problèmes. Il est pris entre le marteau des protestations et l’enclume de sa majorité gouvernementale, qui risque à présent de s’effondrer. Avec la suspension du projet de loi, Netanyahu risque la démission de certains de ses partenaires de la coalition radicale, ce qui mènerait à la chute du gouvernement et compromettrait l’avenir politique du premier ministre. Une chose est sûre. Netanyahu n’inspire plus confiance aux Israéliens. Un sondage effectué par la télévision israélienne montre que si des élections avaient lieu aujourd’hui, le Likoud n’obtiendrait que 25 sièges à la Knesset, contre 32 sièges actuellement, et la coalition gouvernementale n’obtiendrait que 54 sièges (10 de moins qu’aujourd’hui) contre 66 pour l’opposition.
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