De tels indicateurs sur les trois plus grandes économies du monde inciteront les institutions financières internationales à mettre à jour les indicateurs de l’économie mondiale pour prédire une économie mondiale qui éviterait la récession et contrôlerait l’inflation.
Je n’ai aucun doute que l’économie américaine finira par sortir de la crise inflationniste actuelle grâce à la politique monétaire suivie. Il lui faudra ensuite du temps pour examiner la réalité de ce qui se passe sur le marché du travail entre les indicateurs qui montrent sa solidité et d’autres qui, au contraire, soulignent les licenciements d’un grand nombre de travailleurs dans certaines grandes entreprises. L’économie américaine devra aussi suivre les indicateurs de croissance économique, afin de s’éloigner des menaces de récession et de vérifier la résilience des petites et moyennes entreprises et du secteur immobilier, ainsi que la sécurité du secteur financier face au risque d’augmentation des prêts non performants.
Quant à la Chine, après trois ans de fermeture à cause du Covid-19, la rapidité de son retour à la vie normale aura des effets positifs grâce à l’augmentation des taux de croissance et d’emploi. Ceci dit, le pays aura besoin d’une adaptation à la nouvelle réalité. Une période qui peut durer pendant les premiers mois de cette année. Mais si les choses se déroulent comme prévu, le taux de croissance de l’économie chinoise augmentera et aura un impact positif sur la croissance moyenne de l’économie mondiale. Mais cette augmentation de la croissance économique en Chine s’accompagnera d’une hausse de la demande sur l’énergie et les matières premières, ainsi que d’une augmentation des prix des transports et des voyages.
Mais il est tout à fait possible que le cas européen se répète et que le rétablissement tarde à venir non seulement à cause des problèmes énergétiques et de la guerre en Ukraine, mais aussi à cause des défis démographiques que connaît le vieux continent, avec une augmentation du taux de vieillissement, une baisse de la croissance démographique, de la productivité et des dépenses sur l’innovation et la recherche, à quelques exceptions près.
Pour nous, ce qui nous préoccupe, c’est l’impact net de ces changements. Les récentes crises mondiales ont révélé que les pays en développement, en particulier à revenu moyen, sont généralement les plus grands perdants, et que la classe moyenne y est la plus affectée et la plus vulnérable, tandis que la classe aisée dispose de ce qui la protège de ces crises et peut même bénéficier des crises mondiales en fonction de ses sources de richesse et de revenus. En même temps, les plus pauvres jouissent d’un réseau de protection sociale défini dans le budget de l’Etat.
Ce que j’entends par le piège du milieu, ce sont les pays à revenu moyen qui constituent un tiers de l’économie mondiale, soit 75 % de la population du monde et plus de 60 % des pauvres. La plupart des pays arabes appartiennent à ce groupe, ainsi qu’un nombre croissant de pays africains dont la population est en croissance rapide. Les pays à revenu moyen ne bénéficient pas des avantages des pays développés en empruntant à bon marché dans leur monnaie locale sur les marchés internationaux sans risque de fluctuation du taux de change. Ils ne bénéficient pas non plus des avantages des emprunts bon marché et concessionnels auprès des institutions internationales de développement, dont profitent les pays pauvres et à faible revenu. Les pays à revenu moyen se sont vu refuser la plupart des financements concessionnels en partant du principe trompeur et vague qu’ils ont la capacité de répondre à leurs besoins de financement grâce à leurs ressources nationales, aux investissements du secteur privé et à l’accès aux marchés financiers internationaux.
C’est d’ailleurs le même cas pour les moyennes entreprises. Les grandes entreprises ont le privilège d’être financées par des transactions préférentielles des banques et des marchés financiers, alors que les petites et micro-entreprises ont des programmes de soutien locaux ou extérieurs, tandis que les moyennes entreprises dans de nombreux pays en développement n’ont aucun soutien ou aide dans un environnement de crise. Elles n’ont pas atteint le statut des grandes entreprises et ne profitent pas non plus de la générosité des soutiens accordés aux petites entreprises. C’est ainsi que le terme « milieu » décrit le statut de ceux qui sont classés au milieu, qu’il s’agisse d’un Etat, d’une entreprise ou d’une famille de la classe moyenne.
Une révision des facilités de financement en temps de crise se présente désormais comme une nécessité. Pour les pays en développement, les emprunts qu’ils reçoivent des institutions financières internationales assortis de conditions exagérées doivent être revus afin d’être assouplis, que ce soit en termes de coût, de délai de grâce ou de durée de remboursement. Par exemple, le coût du financement de l’action climatique ne doit pas dépasser 1 %, avec un délai de grâce d’au moins dix ans et un délai de remboursement d’au moins 20 ans, financé par les 100 milliards de dollars promis par des pays développés. Pour les moyennes entreprises, il faut soutenir celles qui sont prometteuses et dotées d’une composante technologique de pointe et d’une contribution significative à l’emploi, à l’innovation et à l’exportation. Quant à la classe moyenne, elle représente le principal pilier de la stabilité de la société et de la préservation de ses valeurs. Et c’est parmi la classe moyenne que se produit la mobilité sociale nécessaire au progrès.
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