Pour la première fois, depuis le déclenchement de la révolution du 30 juin et la destitution de l’ex-président Mohamad Morsi, Obama reconnaît franchement, dans son allocution prononcée devant l’Assemblée générale de l’Onu, que Morsi a prouvé son incapacité à gérer le pays, bien qu’il ait été élu démocratiquement. Il a déclaré au même titre que l’Amérique allait agir avec le gouvernement égyptien intérimaire, parce qu’il s’est avéré qu’il était l’expression d’une volonté populaire, et qu’elle allait poursuivre son soutien à l’Egypte en cette période actuelle. Sans doute, de telles déclarations dénotent un changement qualitatif dans la position américaine qui a vacillé entre l’appui et le refus des événements du 30 juin. Les Etats-Unis ont été pendant longtemps hésitants, adoptant la position du juste-milieu ne sachant comment décrire l’événement : coup d’Etat militaire ou bien soulèvement du peuple ? Cependant, l’impression qui nous parvenait de l’Oncle Sam aux alentours de cette date était négative, dans son ensemble. Non seulement à cause de ce qu’on entendait sur le soutien des Etats-Unis au régime des Frères musulmans en Egypte, qui s’est concrétisé sur le terrain par des mesures telles que l’arrêt des manoeuvres « Etoile lumineuse » et l’acuité de la polémique autour des aides militaires annuelles allouées à l’Egypte. Cela outre des déclarations allant dans ce même sens émises par des responsables de la Maison Blanche et le Congrès.
Ainsi, les dernières déclarations véhiculent des signes positifs, bien que d’aucuns y aient vu une manoeuvre politique. Si l’on se souvient, les Etats-Unis avaient pris une position similaire vis-à-vis de la révolution du 25 janvier qu’ils n’ont soutenue que tardivement, suite à la colère populaire montante refusant Moubarak et son régime. Cela veut dire que Washington s’est toujours trouvé obligé de se soumettre au fait accompli et en fin de compte de le reconnaître.
En effet, Obama a reconnu implicitement dans son allocution l’incertitude et l’hésitation de la position américaine lorsqu’il a dit : « Le monde a ressenti un espoir après le changement des régimes en Tunisie et en Egypte. Il est vrai que l’Amérique a été choquée par la rapidité du revirement mais elle l’a finalement soutenu, bien qu’elle sache parfaitement, bien que les transitions démocratiques soient difficiles ». Il a également fait allusion au fait que son pays allait évaluer la situation en Egypte et la démarche dans le sens de la démocratie, révélée dans la rédaction de la Constitution, jusqu’à la garantie des libertés et l’intégrité du processus des élections parlementaires et présidentielles.
En parlant des aides militaires, il a dit qu’elles seraient conditionnées au degré de progrès réalisé dans la démarche démocratique et que l’avenir des relations égypto-américaines serait façonné en fonction de plusieurs scénarios. Mais indépendamment du regard, qu’il soit négatif ou positif que nous porte l’Administration américaine et même si toute la position se réduit à une manoeuvre politique ou si elle est l’expression d’un pragmatisme qui caractérise toujours la politique américaine, nous devons dire qu’il y a d’autres facteurs plus réalistes qui sont à l’origine de ce changement de position, même si l’Egypte n’est pas satisfaite de son degré. Parmi lesquels notons leurs politiques tournées vers le Moyen-Orient et qui affrontent des difficultés non moindres. Il existe plusieurs dossiers enflammés, avec en tête le dossier syrien, à l’égard duquel Washington a été plus que jamais irrésolu, indécis et incapable de trancher de manière décisive. Tantôt il soutenait certaines factions armées de l’opposition syrienne. Mais à d’autres moments, il craignait d’autres factions liées à Al-Qaëda. Dans son incertitude, il est allé jusqu’à imposer des sanctions, recourir au Conseil de sécurité. Il a tenté de faire passer une résolution qui a été avortée par le veto russe et chinois. Il a même brandi la menace d’asséner une frappe militaire contre le régime, pour faire marche arrière et accepter à la dernière minute l’initiative russe.
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