La solution de deux Etats reste l’unique solution valable pour le règlement du conflit israélo-palestinien, quels que soient les obstacles qu’elle affronte. Quant aux autres solutions proposées, en particulier celle de l’Etat unique, ce sont des illusions irréalisables et leur réalisation constitue une grande erreur historique, parce qu’elle signifie mettre fin à l’identité palestinienne et faire des Palestiniens une minorité qui vit sous un Etat juif.
Les politiciens israéliens, qui comprennent le sens de l’action politique loin des engagements et des enjeux des partis religieux, savent que l’Etat palestinien sera instauré en fin de compte, mais ils tentent par tous les moyens de reporter cette échéance pour des considérations électorales, ou d’imposer des contraintes aptes à limiter les capacités de cet Etat, en particulier sur les volets sécuritaire et militaire, afin qu’il ne puisse causer aucune menace à la sécurité d’Israël.
De plus, les politiciens israéliens savent que le peuple palestinien n’acceptera pas de rester infiniment sous l’occupation, que la résistance se poursuivra par tous les moyens légitimes et illégitimes et que le cercle vicieux de la violence continuera. Ces politiciens savent aussi que toute la communauté internationale soutient unanimement le principe de la solution de deux Etats, y compris l’Administration américaine actuelle.
Il faut s’arrêter longtemps devant le discours prononcé par le premier ministre israélien, Yaïr Lapid, devant la 77e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies le 22 septembre dans lequel il a annoncé son appui à la solution de deux Etats, assurant que la force d’Israël lui permet d’oeuvrer à instaurer la paix avec les Palestiniens en se basant sur le principe de deux Etats pour deux peuples de façon à garantir la sécurité et l’avenir d’Israël, mais à condition que l’Etat palestinien soit un Etat pacifique et non pas une base de terrorisme menaçant l’existence d’Israël. Le premier ministre israélien a également signalé que la majorité du peuple palestinien soutenait cette solution.
A mon avis, cette position adoptée par Lapid est un changement important qui pourrait modifier le sort de la cause palestinienne si elle est bien exploitée. Je pense que la position de Lapid causera des changements sur la scène intérieure en Israël avant les élections de la Knesset, prévues dans quelques semaines et qui connaîtront une activation importante au niveau de tous les partis et de leurs coalitions prévues. Il faut reconnaître que la solution de deux Etats rencontre de nombreuses difficultés au niveau des colonies et des exigences sécuritaires israéliennes. Ici, il faut signaler qu’un grand progrès s’était produit dans le règlement des questions sécuritaires au cours des négociations tenues entre les Palestiniens et les Israéliens pendant de longues années avant 2014 et avec une participation américaine dans certains cas. Par conséquent, il ne faut pas reprendre les négociations à zéro.
Il faut prendre le discours de Lapid au sérieux et ne pas le considérer comme étant une manoeuvre, même si c’est la vérité. Il faut exploiter cette position et en faire un point de départ afin de changer la réalité palestinienne actuelle, surtout que le président américain, Joe Biden, a vite fait de soutenir cette position. De plus, le président palestinien, Abou-Mazen, a indiqué dans son discours à l’Assemblée générale de l’Onu le 23 septembre qu’il accueillait favorablement le discours de Lapid, assurant l’importance de le traduire en négociations entre les deux parties en se basant sur les résolutions internationales.
Là, une double responsabilité incombe au côté palestinien. Premièrement, il doit se préparer aux négociations dans le cas de leur reprise, avec une coordination avec l’Egypte et la Jordanie. Deuxièmement, il faut immédiatement s’engager à réaliser la réconciliation inter-palestinienne sans laquelle la solution de deux Etats restera en suspens jusqu’à nouvel avis. Partant, quatre propositions sont à faire. Premièrement, l’annonce du soutien à la position de Lapid.
Deuxièmement, les Etats arabes doivent concrétiser une vision globale et réaliste afin de fixer les mécanismes requis et acceptables permettant de réaliser la solution de deux Etats, tout en continuant à soutenir la position du président Abou-Mazen. Troisièmement, au cas où Lapid réussirait à former un gouvernement, les négociations doivent être immédiatement entamées, au plus tard au début de l’année 2023. Quatrièmement, dans le cas de victoire de Netanyahu, il faut oeuvrer à renforcer la force motrice née de la position de Lapid pour obliger Netanyahu à s’engager dans les négociations, c’est un combat dans lequel nous devons nous engager afin de parvenir à la paix que nous espérons.
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