Le président américain, Joe Biden, n’a pas perdu trop de temps à faire le choix entre l’idéalisme et le réalisme politiques. Il avait commencé sa campagne électorale pendant le second semestre de l’année 2020 en adoptant l’idéalisme, en particulier en ce qui concerne les questions des droits de l’homme et l’alignement sur la démocratie. Mais après un an et demi au pouvoir, les positions idéalistes du président américain ont changé, l’obligeant à adopter le réalisme politique, en particulier pour préserver un ordre mondial unipolaire qui s’affaiblit en raison du déclin américain et de la montée sino-russe soutenue par d’autres nouvelles puissances régionales.
Ce réalisme s’est clairement dévoilé lors de l’invasion russe de l’Ukraine. Joe Biden a fait tout son possible pour faire échouer cette invasion, puis pour faire sortir la Russie perdante de l’Ukraine et pour mettre fin à tous ses rêves de devenir une nouvelle puissance dans un ordre mondial multipolaire.
Dans le cadre des efforts acharnés déployés par Biden pour réaliser ses objectifs, il a fait deux tournées d’une grande importance. La première était en Europe en avril dernier, dans l’objectif d’unir les Etats européens contre la Russie, de les pousser à boycotter le gaz et le pétrole russes et de présenter tout le soutien nécessaire au gouvernement ukrainien aux niveaux militaire, économique et politique.
La seconde tournée de Biden a été faite en mai dernier en Asie, durant laquelle il a visité la Corée du Sud et le Japon et a assisté à Tokyo au sommet du Quad avec les leaders du Japon, de l’Australie et de l’Inde, et ce, au lendemain de l’annonce d’un partenariat économique avec 13 Etats asiatiques. Au cours du sommet, Biden avait mis en garde la Chine en disant qu’elle « joue avec le feu au Taïwan », tout en indiquant clairement que les Etats-Unis défendront l’île si elle est exposée à une invasion chinoise.
Vient ensuite l’annonce américaine d’une troisième tournée du président Biden au Proche-Orient. Biden doit se rendre du 13 au 16 juillet en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite. Durant sa campagne électorale, Biden avait pris des positions qui ne correspondent pas à l’importance du partenariat américano-saoudien qui date de 8 décennies. Biden a ensuite imposé des restrictions sur la livraison de certaines armes à l’Arabie saoudite et lui a retiré les batteries de missiles américains, en plus d’avoir enlevé des personnalités houthies de la liste du terrorisme et exprimé son opposition au développement des relations saoudiennes avec la Chine et la Russie.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a ensuite donné des éclaircissements sur l’éventuelle rencontre avec le prince héritier saoudien en disant : « Si le président décide qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de traiter avec un dirigeant étranger et que ceci pourrait avoir des résultats, alors il le fera ». Il est évident que cette tournée de Biden est obligatoire pour deux raisons. La première est la guerre entre la Russie et l’Ukraine, car Biden a besoin de l’aide de l’Arabie saoudite dans l’organisation du marché du pétrole comme le souhaite Washington. Il aspire précisément à augmenter la production, afin de faire baisser les prix, dont la hausse est causée par la suspension de l’importation européenne du pétrole et du gaz russes. Ce qui menace la stabilité politique non seulement des pays européens, mais aussi des Etats-Unis où les prix de l’essence ont connu une hausse vertigineuse.
La deuxième raison est qu’Israël, ainsi que les forces qui le soutiennent à l’intérieur des Etats-Unis, veulent que l’Administration américaine oeuvre à améliorer les relations entre l’Arabie saoudite et Israël. D’où une confusion américaine concernant les objectifs de la tournée proche-orientale de Biden. Ces objectifs ne s’accordent pas avec la nouvelle transformation dans les positions et les politiques des alliés traditionnels des Etats-Unis, qui ressemblent à une rébellion timide contre la politique américaine.
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