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Une guerre improbable à Taïwan

Mercredi, 11 mai 2022

Pourquoi la Chine n’a-t-elle pas eu recours au choix militaire pour récupérer Taïwan ? La réponse à cette interrogation nécessite l’étude des dimensions de la question taïwanaise dans la politique de la Chine.

L’une de ces dimensions est la différence radicale entre le cas de Taïwan et tout autre pays, y compris l’Ukraine, où se déroule une guerre actuellement. Taïwan n’est pas un Etat indépendant et souverain conformément à la loi internationale, contrairement à l’Ukraine, dont la communauté internationale a reconnu l’indépendance en 1991, avec d’autres pays qui faisaient partie de l’Union soviétique. Même les Etats occidentaux, qui voient en Chine une menace pour eux, reconnaissent que la séparation de Taïwan est liée à un fait accompli, et non pas à des fondements juridiques. Un fait accompli qui n’est pas fondé sur une base réelle, il est momentané par nature, quelle que soit sa durée. C’est pour cela que la Chine est convaincue qu’elle va récupérer Taïwan de façon pacifique, contrairement à l’Ukraine sur laquelle la Russie ne pourra imposer son hégémonie sans guerre.

Taïwan est donc pour la Chine une question intérieure et non pas une question régionale ou internationale. Ceci nous mène à une seconde dimension qui est la position de la question taïwanaise dans la politique chinoise. Ceux qui suivent cette politique savent que le choix militaire est exclu dans un avenir proche. Il semble clair que la politique actuelle de la Chine tient, pour une période difficile à évaluer, à poursuivre la construction de ses capacités et à ne pas se laisser entraîner dans des directions qui l’entravent et l’épuisent. Jusqu’à aujourd’hui, l’expérience de la guerre russe en Ukraine prouve la justesse de la pensée chinoise et sa poursuite pour un certain temps. Les dirigeants chinois suivent de près ce qui se passe dans des combats qui sont censés être beaucoup plus faciles que ceux dans lesquels la Chine ne veut pas s’engager au Taïwan. La géographie de celui-ci est faite de côtes ouvertes, de régions montagneuses et de villes surpeuplées : le coût de la guerre sera donc élevé. Mais le coût le plus important est dans l’interruption d’une marche réussie et dans l’épuisement de capacités indispensables à sa poursuite. C’est pour cela qu’il est fort probable que la Chine tienne au principe de la victoire sans guerre, qu’elle croît être la bonne voie.

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