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Quelles avancées pour les droits des femmes en Egypte ?

Mercredi, 23 mars 2022

La femme égyptienne a connu un soutien présidentiel sans précédent au cours de ces dernières années. Elle a acquis des gains stratégiques qu’elle n’a pu réaliser tout au long de son histoire. Les femmes ont atteint un niveau historique d’émancipation politique et économique et ont été fortement présentes dans les postes gouvernementaux, en particulier ceux qui leur étaient auparavant interdits.

La présidence a lancé une stratégie pour l’autonomisation des femmes égyptiennes 2030, visant à développer une vision et à servir de feuille de route pour l’Etat. Sur le plan politique, la femme a pour la première fois assumé le poste de conseillère du président de la République. Grâce à la volonté politique, le taux de représentation de la femme en 2020-2021 a atteint 15 % au parlement et 25% dans l’administration locale, selon le Conseil national des femmes. L’Etat compte même augmenter le nombre des femmes au parlement pour atteindre entre 30 et 35% d’ici 2030.

Nous observons également la nomination de plusieurs femmes aux postes de ministres et de maires, ce qui n’était pas le cas auparavant. Le taux de femmes ministres a augmenté de 6% en 2015 à 20% en 2017, puis à 25% en 2018, soit la plus forte représentation des femmes au Conseil des ministres.

Huit femmes ont occupé des portefeuilles ministériels lors du dernier remaniement ministériel. La première femme gouverneur a été nommée à Béheira en 2017 et à Damiette en 2018. Enfin, les femmes sont fortement présentes dans le processus électoral, avec un taux de participation de 44%, comme l’indique l’Observatoire national des conseils des femmes au Caire.

Sur le plan judiciaire, la femme égyptienne est parvenue, pour la première fois de l’histoire, à intégrer le Conseil d’Etat et le Parquet général en juin 2021, où 97 femmes juges ont été recrutées. Ces deux institutions étaient, jusqu’à cette date, exclusivement masculines.

D’autres avancées ont été réalisées au niveau législatif pour préserver les droits des femmes, à l’instar de la loi qui, en août 2021, a aggravé la peine pour harcèlement « direct et électronique », considéré désormais comme un crime. Les sanctions ont été ainsi rendues plus sévères pour tout type de harcèlement. La nouvelle loi sanctionne l’utilisation de moyens de communication filaires, sans fil ou électroniques, ou de tout autre moyen technique comme outil de harcèlement sexuel. Le harcèlement est devenu un crime passible d’une peine d’emprisonnement d’au moins cinq ans, alors que l’ancien code pénal — l’article 306 bis « b » — considérait le harcèlement sexuel comme un délit.

De plus, le législateur a renforcé la sanction du harceleur dans des cas particuliers. Ainsi, la peine est passée à au moins sept ans d’emprisonnement si l’auteur de l’infraction exerce sur la victime une autorité professionnelle, familiale ou scolaire ou exerce sur elle une pression que les circonstances lui permettent d’exercer, ou si l’infraction est commise par deux ou plusieurs personnes, ou si l’une d’entre elles au moins porte une arme.

De même, la présidence a promulgué la loi sur l’aggravation de la sanction de l’excision. Il s’agit d’un amendement stipulant que quiconque pratique l’excision en enlevant partiellement ou complètement une partie quelconque des organes génitaux externes de la fille, ou en causant des lésions à ces organes, sera puni d’une peine d’emprisonnement d’au moins cinq ans, et si l’acte entraîne la mort, la peine sera l’emprisonnement pour au moins dix ans.

Toutes ces sanctions représentent une vraie coercition pour toute personne dépassant ces limites. Le législateur essaye de cette façon de protéger au mieux la femme contre tout abus ou patriarcat.

Ces diverses avancées sont finalement le fruit de longues années de militantisme. Nous espérons que d’autres aspirations féminines trouveront concrétisation durant les prochains mois, ce qui aidera à sensibiliser et changer la culture et les mentalités sur la condition féminine en Egypte.

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