Qui donne nos numéros de téléphone portable aux agences de publicités ? Qui s’est donné le droit de violer notre vie privée et d’envahir notre espace privé dans la rue, au bureau ou dans nos chambres à coucher pour nous proposer un produit que nous n’avons pas demandé ? J’ai reçu un grand nombre de plaintes de personnes ennuyées par ces appels téléphoniques. Chaque jour, nous recevons des dizaines d’appels de la part de personnes qui nous proposent d’acheter tout et n’importe quoi : des appartements, des villas, des filtres, du miel … Ou qui nous demandent de faire des dons à des organismes dont nous ne savons rien sous prétexte d’aider des malades ou des pauvres. Seul Dieu sait où va cet argent et quelles activités il finance.
On m’a conseillé de ne pas répondre à des numéros que je ne connais pas, mais parfois je suis obligé de répondre parce que j’attends un appel de la part d’un agent de livraison à domicile qui vient m’apporter un livre que j’ai commandé, ou de la part d’un technicien qui vient réparer mon ordinateur. J’ai donc opté pour cette solution : ne pas répondre aux numéros que je ne connais pas, puis chercher le numéro en question sur l’application Truecaller. La première fois que j’ai fait ça, j’ai trouvé un numéro enregistré sous le nom de « zeft » (merde) pour la vente de l’immobilier. J’étais content parce que j’ai pensé que j’avais réussi à régler le problème. Mais une autre fois, un simple nom est apparu, sans autre précision. Il n’était donc pas possible de vérifier l’identité de la personne. Un agent de commercialisation ou bien le jeune homme qui doit venir me livrer les médicaments que j’ai commandés à la pharmacie ? Quand j’ai répondu, il y avait au bout du fil quelqu’un qui voulait me vendre un détergent pour toilettes !
Comment ces parasites obtiennent nos numéros de téléphone et nos noms ? J’ai beaucoup essayé de connaître la réponse jusqu’à ce qu’un ancien employé d’une grande compagnie de téléphonie portable m’a informé que ce sont les employés de ces compagnies qui vendent les listes des noms de leurs clients aux bureaux de commercialisation, et les prix de vente de ses listes sont fixés conformément à la moyenne des factures mensuelles des clients. Les factures qui dépassent 1 000 L.E. sont vendues plus cher que celles qui sont inférieures à 1 000 L.E., et plus les factures sont élevées, plus le prix augmente.
Or, ceux qui pratiquent ce commerce rentable qui ne nécessite aucun effort et même leurs victimes ne savent pas qu’il existe en Egypte une loi portant sur la protection des informations personnelles et que sa violation de cette façon est criminalisée par la loi. La Constitution égyptienne stipule que « la vie privée est protégée et intouchable et l’Etat s’engage à protéger le droit des citoyens à employer tous les moyens de communication publics sous toutes leurs formes ». Le terme de loi sur le respect de la vie privée désigne les lois qui ont trait aux informations privées des individus. Derrière ces lois, il y a des accords internationaux contraignants pour les pays signataires. Par exemple, la déclaration des Nations-Unies pour les droits de l’homme stipule que personne ne doit être exposé à une intervention forcée dans sa vie privée, sa famille, son domicile, ses correspondances et ses communications.
Le 18 août 2018, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ratifié la loi sur les crimes de la technologie de l’information et celle sur la protection des informations personnelles, fixant le cadre législatif qui garantit à l’utilisateur la protection de ses données et permet de déposer une plainte contre les utilisateurs des données de façon illégale et de les poursuivre en justice. Cette loi s’adresse aux entreprises et aux institutions qui traitent avec les bases de données des utilisateurs et fixe les normes qui gèrent la relation entre les utilisateurs et les compagnies numériques. La loi stipule également de créer un centre de protection des données numériques dont la mission serait d’assurer l’exécution de la loi. De là s’avère l’efficacité de la loi égyptienne pour la protection des données personnelles en se basant sur le principe de la protection de la vie privée.
En se basant sur cet arrière-plan juridique, n’importe quelle personne exposée à la violation de sa vie privée par le biais des appels téléphoniques de commercialisation illégaux a le droit de poursuivre en justice toutes les parties de cet acte criminalisé par la loi, partant des compagnies de téléphonie portable aux agences de commercialisation. Pourquoi ne pas coopérer tous ensemble pour poursuivre en justice ceux qui violent notre vie privée ?
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