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La musique de la capitale administrative

Mohamed Salmawy , Lundi, 06 décembre 2021

J’avais écrit la semaine dernière sur le superbe concert récemment donné à l’Opéra de la Nouvelle Capitale administrative par l’Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par le maestro mondial Riccardo Muti, étant l’un des événements culturels les plus importants de l’année, mais qui n’a malheureusement pas reçu l’attention qu’il mérite de la part de nos médias.

Salmawy

Suite à la publication de cet article, l’ambassadeur Abdel-Raouf Al-Ridi m’a écrit pour dire que la critique musicale a longuement été absente de notre presse. Il m’a demandé de continuer à écrire sur ce sujet. Fondé en 1842, l’Orchestre de Vienne est l’un des cinq orchestres philharmoniques les plus prestigieux au monde, alors que le maestro italien Riccardo Muti est incontestablement l’un des plus grands chefs d’orchestre vivant au monde.

Muti a choisi le programme approprié au public égyptien, en sélectionnant la symphonie « italienne » de Mendelssohn avec ses joyeuses mélodies, la « grande » symphonie de Schubert, chevalier de l’école romantique, ainsi que la symphonie Haffner de Mozart avec ses rythmes plein d’entrain. Puis, en réponse aux applaudissements du public égyptien, Muti a ajouté l’un des célèbres morceaux de valse de Johann Strauss, la Valse de l’empereur.

En fait, Strauss, surnommé le roi des valses, et l’orchestre de Vienne ont une drôle d’histoire. Lorsque les valses de Strauss ont commencé à se propager au milieu du XIXe siècle, l’orchestre de Vienne refusait de les jouer dans ses concerts du fait que ce sont des musiques dansantes qui n’appartiennent pas à la musique classique. Mais en 1873, l’empereur François-Joseph a demandé à Strauss d’écrire une valse spéciale pour le mariage de sa fille, Gisela Louise Marie. C’est ainsi que l’Orchestre de Vienne s’est retrouvé obligé de jouer la valse de Strauss appelée « Sang viennois ». Par la suite, Strauss a composé une autre valse qu’il a appelée « la valse de l’empereur » afin de remercier l’empereur François-Joseph.

J’ai posté sur Facebook les déclarations de Riccardo Muti dans lesquelles il a dit: « Sans musique, le monde est dominé par la violence, la laideur et la barbarie. Les mélodies incarnent la fraternité et la coexistence. La musique a vu le jour avec la création de la planète, grâce au bruit du vent, aux chants des oiseaux, au rythme de la nature, à l’alternance entre le jour et la nuit et aux changements de saison. La musique est une partie intégrante de la présence humaine dans ce monde ».

D’ailleurs, le professeur Tarek Nasr a écrit sur Facebook des mots dignes de considération : « J’ai entendu ces mots et je me suis souvenu que certains pays ont annulé les cours de musique dans les écoles en réponse à certains courants.

Et après quelques dizaines d’années, ils se sont retrouvés avec des générations barbares dont l’éthique est la violence et la laideur, ne sachant d’où cette laideur, ce harcèlement, cette intolérance et ce terrorisme leur sont venus. Réinsérez les cours de musique et d’art dans les écoles de nos enfants. Ceci permettra de marginaliser toute pensée destructrice et de corriger tout comportement tordu.

C’est ce que nous devons faire si nous voulons nettoyer notre environnement culturel et éducatif et former de nouvelles générations pures équilibrées et éclairées au cours des prochaines décennies ». Et d’ajouter: « Si la construction des villes n’est pas accompagnée d’une formation des habitants pour qu’ils soient capables de les préserver et de les protéger, si la construction des musées et des salles de musique n’est pas accompagnée d’une formation d’esprits conscients et d’âmes équilibrées capables de d’assimiler la beauté qui leur est présentée et de la développer, tout ceci se transformera en destruction ».

Quant à l’ambassadeur Mohamad Anis Salama, il m’a envoyé ces mots: « Il incombe au nouvel opéra de présenter un programme annuel fort comme c’est le cas dans les pays développés et dans plusieurs pays arabes. Mais gérer l’opéra en tant que lieu de célébrations saisonnières est un gaspillage de l’énorme potentiel que possède cet endroit ». L’ambassadeur termine son message par une proposition, savoir la création d’une association des amis de l’Opéra de la Nouvelle Capitale administrative.

Je soutiens toutes ces propositions, et je m’adresse au pianiste distingué, Ahmad Abou-Zahra, responsable du programme musical de l’Opéra de la Capitale administrative, pour lui demander de nous annoncer le programme musical de l’année 2022, qu’il a certainement commencé à préparer. Un programme qui devrait transformer le nouvel opéra en un centre de rayonnement artistique et culturel.

Je m’adresse au ministre de l’Education, Tarek Shawki, avec la proposition de réinstaurer les cours de musique dans nos écoles, afin de former de nouvelles générations qui réforment la société et effacent la violence, la laideur et la barbarie contre lesquelles Riccardo Muti a mis en garde.

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