Il y a quelques jours, c’était le 104e anniversaire de la Déclaration désastreuse de Balfour. L’événement est passé en silence. La Déclaration de Balfour a, sans conteste, donné lieu à l’un des plus grands désastres connus par l’humanité au XXe siècle.
Un désastre qui persiste encore aujourd’hui alors que nous sommes à la 3e décennie du XXIe siècle et il n’y a toujours pas de solution envisagée à l’horizon. La Ligue arabe est sortie de ce silence arabe inouï en demandant dans un communiqué à la Grande-Bretagne de corriger son erreur historique, d’assumer sa responsabilité historique, juridique et éthique et de s’excuser auprès du peuple palestinien pour toute la souffrance et les peines qu’elle lui a causées voilà plus d’un siècle.
La Grande-Bretagne est également appelée à faire pression sur Israël, afin qu’il mette un terme à l’occupation des territoires palestiniens et arrête sa machine de guerre. La Ligue arabe a également appelé la communauté internationale à tenir ses engagements en ce qui a trait à cette tragédie, c’est-à-dire mettre fin aux crimes de l’occupation israélienne, imposer des sanctions à la colonisation et procurer une protection internationale au peuple palestinien.
Je pense que le point le plus important du communiqué est celui qui appelle à reconnaître l’Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem-Est. Je saisis ici l’occasion pour sensibiliser l’opinion publique arabe qui répète, à tort et sans le vouloir, les refrains d’Israël sur les références-clés des négociations et du règlement. Essayons de les oublier et d’aller au-delà de l’état d’impuissance arabe pour discuter de l’origine du problème sans tenir compte des données actuelles que nous avons considérées, je ne sais comment, comme un fait accompli depuis que nous avons amorcé les négociations sur le règlement final. Au début, je ne comprends pas pourquoi nous avons suivi aveuglément pendant des années la conception israélienne de la création de l’Etat palestinien. Les conditions absurdes dictées par Israël étaient entre autres que cet Etat soit désarmé et que ses eaux internationales et son environnement soient placés sous la souveraineté d’Israël. De telles conditions n’auraient pas dû faire l’objet de discussions à la base. Le principe d’obtenir l’approbation d’Israël à la création de l’Etat palestinien n’était pas discutable. La communauté internationale, représentée par l’Onu, n’a-t-elle pas émis une résolution sur la création d’un Etat palestinien côte-à-côte avec l’Etat juif ?
Le plan de partage en vertu duquel l’Etat juif a vu le jour n’a jamais été conditionné par l’approbation arabe, pourquoi donc conditionner la création de l’Etat palestinien par l’approbation d’Israël? Les Arabes avaient refusé à l’époque le plan de partage et pourtant, il a été le fondement de la création d’Israël, qui a été largement reconnue par les pays du monde entier et ceci en novembre 1947. Il nous incombe aujourd’hui de mettre en application la résolution onusienne en vertu de laquelle l’Etat d’Israël a été créé, et non pas d’obtenir l’approbation de Tel-Aviv sur la création de l’Etat palestinien. Si la communauté internationale a soutenu la résolution sur la création de deux Etats vivant côte-à-côte, quelle est l’utilité de déployer des efforts pour obtenir une autre résolution similaire ?
Nous devons revendiquer l’application de la résolution onusienne au lieu de négocier avec Tel-Aviv l’établissement d’un Etat palestinien qui serait handicapé par des conditions qui n’existaient pas à l’origine dans la résolution. L’Etat palestinien a existé avant et après le plan de partage, même si aujourd’hui, il est sous occupation israélienne.
Qui a dit que l’existence d’un Etat doit être conditionnée par l’évacuation des forces d’occupation ? Toutes les grandes puissances ont été colonisées à un moment de leur histoire, des Etats-Unis à la France, mais personne n’a jamais dit que l’occupant est celui qui pose les conditions de reconnaissance de l’Etat qu’il colonise.
A l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration de Balfour, les pays arabes réunis doivent reconnaître l’Etat palestinien, tel que stipulé dans la résolution onusienne il y a un siècle environ. Les pays arabes sont également appelés à faire pression sur le monde afin qu’il reconnaisse l’Etat qui a déjà été approuvé par la résolution de 1947. Les Arabes peuvent-ils le faire ou bien veulent-il le faire? Si oui, l’Etat palestinien existe déjà et il suffit seulement de le proclamer. Sinon, merci à la Ligue arabe pour son communiqué à l’heure où ses membres se concurrencent pour établir des liens avec les autorités de l’occupation.
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