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Les élections marocaines, un coup d’Etat ?

Mohamed Salmawy , Lundi, 13 septembre 2021

La défaite du Parti de la justice et du développement aux législatives marocaines de la semaine dernière vient s’ajouter à une série de défaites consécutives de l’islam politique affilié aux Frères musulmans. Les défaites de ce courant ont commencé depuis la révolte du peuple égyptien contre lui le 30 juin 2013. Après la chute des Frères musulmans en Egypte puis celle de Omar Al-Béchir au Soudan en 2019, la faiblesse et la fragilité de ce courant en Tunisie ont été dévoilées. En juillet dernier, les foules tunisiennes ont exprimé leur soutien aux décisions du président tunisien, Kais Saïed, de geler le parlement dominé par les islamistes et de limoger le premier ministre. Et voilà que le Maroc vient d’assurer le rejet de son peuple du courant des Frères musulmans qui a prouvé un échec total dans les Etats où il est arrivé au pouvoir.

Mohamed Salmawy

Ce qui est important à signaler, c’est que la chute des Frères musulmans dans le monde arabe est le résultat d’une volonté arabe indéniable, même si l’Occident essaye de négliger l’éveil des foules qui a accompagné chaque débâcle et d’interpréter ce qui s’est passé en Egypte et en Tunisie comme étant une frappe adressée à la démocratie. Et voilà que la réponse marocaine est venue réfuter cette interprétation à travers les urnes, qui constituent le pilier de la pratique démocratique.

L’islam politique est arrivé au pouvoir en Egypte, en Tunisie et au Maroc parce que les foules pensaient que le pouvoir des Frères musulmans et de leurs alliés était capable d’apporter la solution aux problèmes de développement que vivent les sociétés arabes depuis des décennies. Car les régimes consécutifs avaient échoué à régler ces problèmes. Les dirigeants de l’islam politique levaient alors le slogan « L’islam est la solution », mais il s’est avéré que ce slogan n’était qu’un moyen de cacher le fait que les Frères musulmans ne possédaient ni de programme de développement ni de vision de l’avenir auxquels aspirent les foules afin de s’intégrer dans le monde du XXIe siècle.

En effet, le courant de l’islam politique vit encore au XIVe siècle. En Egypte, il n’a fallu qu’une année de pouvoir pour que la réalité des Frères musulmans soit dévoilée. En Tunisie et au Maroc, la tromperie a duré plus longtemps, ils n’ont pas dévoilé toutes leurs cartes d’un seul coup, contrairement à ce qui s’est passé en Egypte. Dès qu’ils s’étaient accaparés du pouvoir, ils avaient déclaré qu’ils allaient y rester pendant 500 ans, et en Tunisie, leur président de la République avait promulgué un décret républicain protégeant ses décisions, sans référence juridique, ni politique. Là, l’Occident n’avait pas pleuré le coup fatal adressé à la démocratie par le président membre de la confrérie. Mais la tromperie des Frères musulmans a continué en Tunisie et au Maroc après leur chute en Egypte, et ce, dans une tentative de ressusciter le courant qui s’est effondré sous les pieds des Egyptiens dans une des plus grandes manifestations de l’histoire politique dans le monde.

En Tunisie, le pouvoir des Frères musulmans n’a pas beaucoup résisté, et voilà que l’intifada des foules du Maghreb arabe vient assurer que la position des peuples arabes est la même de l’est à l’ouest et que ce qui s’est passé en Egypte n’était qu’un commencement.

Les résultats des élections marocaines dévoilent l’ampleur de l’échec du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Dans un précédent scrutin, il avait obtenu 125 sièges, contre 12 seulement cette fois sur un total de 395, soit le même nombre de sièges de l’ensemble des petits partis. Ces résultats prouvent la volonté des électeurs de faire chuter le parti qui était au pouvoir et même de se venger de lui. Le message adressé au secrétaire général du PJD, Saad Eddine El Othmani, était clair, ce qui l’a poussé à la démission.

Autre détail important, le taux de participation a dépassé 50 % malgré la pandémie de coronavirus, un taux supérieur à celui enregistré lors du scrutin de 2016. Dans les régions du sud, où l’on pensait que le courant islamiste avait plus de popularité que les régions du nord, il a atteint 66 %. C’est-à-dire que la vengeance contre le parti est venue de son foyer traditionnel.

La démission d’El Othmani après cette défaite humiliante a été suivie par la nomination par le roi Mohamed VI de Aziz Akhannouch à la tête du gouvernement. Un pas qui met fin à une décennie de pouvoir du PJD que le peuple marocain a renversé à travers les urnes. Cette chute sera-t-elle aussi nommée « coup d’Etat » ?

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