La valeur de la citoyenneté était fortement présente dans les événements du 30 Juin 2013. Elle était l’un des catalyseurs des protestations vu les craintes de la discrimination sur la base de la confession ou du sexe. Les manifestations du 30 Juin, comme dans toutes les révolutions égyptiennes, comprenaient toutes les composantes de la société sans discrimination aucune. Les Egyptiens réclamaient l’instauration d’un Etat national qui assimile tous les citoyens et leur octroie leurs droits sans distinction aucune. La notion était aussi présente de manière symbolique dans le communiqué du 3 juillet 2013. En effet, le cheikh d’Al- Azhar, Dr Ahmad Al-Tayeb, le pape d’Alexandrie et patriarche de la prédication de Saint-Marc, le pape Tawadros II, ainsi que l’écrivaine Sékina Fouad qui a, par la suite, occupé le poste de conseillère du président Adli Mansour pour les questions de la femme, ont assisté à la lecture du communiqué qui a tracé la feuille de route de la période suivante.
Au cours des années suivantes, la citoyenneté s’est ancrée dans les fondements de l’Etat égyptien. Les législations qui ont régi l’Egypte ces dernières années ont accordé un grand intérêt à la citoyenneté. L’article 4 de la Constitution de 2014 stipule que l’unité nationale repose sur les principes de l’égalité, de la justice et de l’équité entre les citoyens. L’article 9 oblige l’Etat à garantir l’équité des chances entre les citoyens sans aucune discrimination et l’article 53 stipule que « les citoyens sont égaux face à la loi. Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, sans discrimination basée sur la religion, le sexe, la race, la couleur, la langue, le niveau social et l’appartenance politique ou géographique ou toute autre raison. La discrimination ou l’incitation à la haine est un crime puni par la loi. L’Etat s’engage à prendre les mesures nécessaires pour éliminer la discrimination quelle que soit sa forme ». L’article 64 stipule que la liberté de croyance est absolue et que la construction des lieux de culte pour les religions célestes est un droit régi par la loi. Quant aux articles 180 et 244, ils stipulent que la représentation des chrétiens au sein des conseils municipaux et du Conseil des députés doit être appropriée. Par ailleurs, la loi n°80/2016 sur la construction et la restauration des églises a été promulguée.
La commission des 50 qui a rédigé la Constitution de 2014, ayant posé les fondements de l’après-30 Juin, regroupait des représentants des 3 églises égyptiennes, ainsi que 3 représentants d’Al-Azhar. De plus, en janvier 2017, le comité chargé de régulariser la situation des églises a été formé, et jusqu’en avril 2021, le comité a régularisé la situation de 1 077 églises et 805 bâtiments. De plus, l’Etat égyptien a déployé des efforts remarquables en ce qui concerne la construction et la restauration des églises ces dernières années. Sans oublier la promulgation de la loi n°190/2020 sur la création d’organismes chargés de gérer les actifs et les fonds de l’Eglise catholique et de la secte évangélique.
De plus, le Haut Conseil des organismes juridiques a décidé, lors de sa réunion du 2 juin 2021, de permettre l’accession des femmes au Conseil d’Etat et au Parquet général à partir du 1er octobre 2021 pour réaliser l’équité des sexes dans la nomination aux postes juridiques.
La notion de citoyenneté a de multiples dimensions qu’il faut assurer de manière intégrale, comme la dimension politique qui a trait aux droits politiques, à la participation électorale sans discrimination aucune. Il y a aussi la dimension économique et sociale qui se rapporte à l’équité des chances, à la lutte contre la discrimination sur fond social ou économique et à l’obtention de chances égales au travail et dans l’enseignement. Mentionnons aussi la dimension culturelle qui se rapporte aux identités, aux minorités, à la religion et à la liberté de croyance. Bref, la citoyenneté signifie que chaque citoyen a accès à ses droits sans discrimination aucune. Les efforts de renforcement de la citoyenneté doivent englober l’équité des chances dans le domaine professionnel et le renforcement de l’intérêt accordé aux régions lointaines, rurales et frontalières. La citoyenneté exige également de présenter un enseignement de qualité à toutes les classes de la société sans aucune discrimination sur des bases économiques, sociales ou géographiques.
L’initiative Hayah Karima (vie décente) prend en considération la dimension de la citoyenneté dans sa tentative d’améliorer les conditions de vie du citoyen égyptien. Il en est de même pour le projet de développement des villages égyptiens qui vise à améliorer la qualité de vie des habitants de la campagne, ainsi que les projets de développement des zones sauvages et les politiques du logement.
La notion de citoyenneté est l’une des dimensions les plus importantes de la Révolution du 30 Juin. Un fait qui s’est reflété sur les politiques publiques ces dernières années sur les plans législatif et exécutif, notamment en ce qui concerne le dossier des coptes et celui de la femme. Cependant, malgré les efforts déployés pour renforcer la citoyenneté depuis le 30 juin 2013, la réalité de la société égyptienne exige que l’on remédie à certaines déficiences relatives à l’équité des chances, notamment dans les secteurs de l’enseignement, du travail, du logement et des soins médicaux. Il faut en outre intensifier les efforts afin de faire face à la violence contre la femme. Il est aussi important de renforcer le principe de l’équité entre les sexes et d’interdire toutes formes de discrimination contre la femme. Il est primordial de mettre à profit les activités culturelles et éducatives pour renforcer la culture de la citoyenneté et lutter contre la discrimination basée sur la religion, le sexe, l’emplacement géographique ou le niveau social et économique.
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