Tout au long de 73 ans, tous les gouvernements israéliens consécutifs avaient un facteur commun: être des gouvernements de coalition. Ce qui signifie l’absence d’une force politique qui dirige le projet sioniste en Palestine et l’absence d’une union autour de ce projet. Cette situation résulte de la particularité des composantes de la société israélienne: des immigrants provenant du monde entier, aux cultures différentes, et bien évidemment, aux objectifs différents.
Le nouveau gouvernement, qui a obtenu la confiance de la Knesset le 13 juin, est particulièrement fragile et manque de cohérence. De plus, il arrive à un moment où l’Etat hébreu vit des divisions politiques et sociales sans précédent qui, selon certains avis, constituent le prélude d’une guerre civile et d’assassinats politiques. Mais le plus important est que cette situation s’annonce avec 3 défis extérieurs qui se sont concrétisés après les derniers événements de Jérusalem.
Le premier défi est que le peuple palestinien, qui constitue l’autre partie de l’équation du conflit, évolue vers l’union. Jérusalem reste la destination de son parcours de lutte et la résistance et non pas le compromis et qui reste l’unique moyen de récupérer les droits usurpés. Le deuxième défi est que les regards arabes se tournent à nouveau vers la question palestinienne, alors qu’ils s’en étaient détournés une décennie durant, refusant des solutions qui n’ont rien à voir avec la paix. Les peuples arabes sont devenus prêts à s’engager avec leurs frères palestiniens dans l’équation du conflit visant à libérer la terre et à récupérer les droits. Les événements consécutifs les ont rendus conscients du fait que l’entité sioniste n’est pas uniquement l’ennemi du peuple palestinien, mais de la nation arabe en entier. Quant au troisième défi, il est au niveau international: dans de nombreux pays, y compris aux Etats-Unis et dans certains Etats européens, l’opinion publique est de plus en plus consciente qu’Israël, force occupante, commet les actes racistes les plus atroces du monde entier.
Le nouveau gouvernement israélien affronte donc une nouvelle réalité. La mission est d’autant plus difficile qu’il ne jouit pas de majorité importante à la Knesset (61 sièges seulement d’un total de 120), et surtout qu’il n’a pas été fondé sur un programme politique, bien qu’il se donne le nom de « camp de changement ». L’unique changement dont il est question ici est de mettre fin au pouvoir de Netanyahu qui a duré 15 ans dont 12 consécutifs depuis 2009. Le nouveau gouvernement est formé d’un mélange hétéroclite de partis politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche, des partis d’ordinaire pas seulement en concurrence mais en conflit. Il gouvernera le pays face à une opposition forte dirigée par un homme blessé qui ne veut que se venger de ce qu’il considère être une trahison de la part d’un de ses alliés. Pour revenir au pouvoir, Netanyahu a besoin d’une seule voix. S’il réussit à unir l’opposition, il se vengera de son nouvel ennemi, Naftali Bennett, qui, selon lui, a bravé les valeurs de la droite et s’est allié avec la gauche.
Ce qui se passe actuellement en Israël est inédit. Les Palestiniens et les Arabes doivent en tirer des leçons afin de fonder une nouvelle formule dans cet instant crucial. Mais cela doit se faire à une condition: ils doivent certes être conscients de la réalité israélienne et internationale, mais aussi de celle palestinienne, avec tous ses malheurs et ses luttes, et de celle arabe, qui reste divisée autour de ce conflit. S’agit-il d’un conflit palestino-israélien ou bien d’un conflit arabo-israélien? Est-ce un conflit autour de frontières disputées et autour des formes de l’Etat palestinien auquel on aspire? Ou bien autour d’une terre et d’une patrie face à deux projets tout à fait contradictoires ?
Autant de questions cruciales à une époque cruciale, alors qu’en Israël, le déni total des droits palestiniens est de plus en plus visible.
David Passig, futuriste et professeur à l’Université de Bar-Ilan en Israël, prévoit que son pays connaîtra prochainement une guerre civile sans merci entre les juifs eux-mêmes, et qu’au cours d’une fête juive, des événements violents auront lieu causant la mort d’un grand nombre d’Israéliens. Passig, qui vient d’annoncer son intention de publier un nouveau livre intitulé « La 5e chute », s’attend à ce qu’Israël connaisse un état de démantèlement et d’effondrement après 3 générations, puis viendra la phase des assassinats de personnalités juives éminentes, et ensuite une révolte intérieure entre les Israéliens eux-mêmes .
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