L’importance du contrôle des naissances est primordiale pour le développement des sociétés. La croissance démographique galopante influence négativement les taux de développement et dévore toute amélioration des revenus et services. Les circonstances ont changé. Lorsque l’Egypte était une société agricole, les familles avaient besoin d’une grande main-d’oeuvre pour accomplir le travail difficile des champs. Les enfants commençaient très tôt le travail agricole et allaient rarement à l’école. Mais aujourd’hui, avec la mécanisation de l’agriculture, les familles n’ont plus besoin de cette nombreuse main-d’oeuvre. Autrefois, faute de service sanitaire de qualité, la mortalité infantile était élevée. Ce qui poussait les femmes à donner naissance à de nombreux enfants. Mais aujourd’hui, le taux de mortalité infantile a nettement diminué.
D’aucuns prétendent que des pays comme la Chine et l’Inde ont grandement profité de leurs énormes ressources humaines et que c’est l’investissement de ces ressources humaines qui est à l’origine de leur taux de développement élevé. Ceux-ci ignorent que la Chine, l’Inde, le Bengladesh et de nombreux autres pays à forte densité géographique ont appliqué des politiques sévères pour la limitation des naissances. Depuis les années 1970, la Chine a adopté la politique de l’enfant unique et a imposé des amendes et des sanctions à toute famille qui donne naissance à un deuxième enfant. L’Inde et d’autres pays de l’Asie centrale ont imposé la stérilisation obligatoire. Un procédé qui a coûté la vie à des milliers de femmes. Si ces pays comptaient sur l’augmentation des naissances, ils n’auraient pas tenté de contrôler les naissances par des procédés aussi sévères et violents. Même dans ces pays, les ressources et les investissements sont limités et ne suffisent pas ces énormes populations.
Par ailleurs, le nombre croissant d’êtres humains représente désormais un danger pour la Terre et ses ressources limitées. Toutes les études concernées par la Terre et la diversité biologique confirment que les ressources comme l’eau, les métaux, le pétrole et les poissons s’épuisent à cause de la surexploitation. La superficie des forêts diminue, entraînant la disparition de nombreuses espèces animales et végétales. Quant à la part de l’individu en eau douce, elle diminue de manière alarmante.
Il y a quelques décennies, l’Egypte comptait moins que 20 millions d’habitants, alors qu’aujourd’hui, nous avons dépassé les 100 millions. 100 millions d’habitants qui épuisent les ressources du pays. L’augmentation des terres agricoles ne couvre pas la croissance démographique. L’excédent de nourriture s’est transformé en déficit. Les pressions sur les services élémentaires comme l’enseignement et la santé sont énormes.
Or, tous les appels à la limitation des naissances se heurtent aux obstacles des croyances et des coutumes. Les Egyptiens sont convaincus que chaque enfant apporte son gagne-pain et que le grand nombre d’habitants augmente la puissance des nations. Ce qui est entièrement faux. Dans les pays à faible croissance démographique, les habitants bénéficient d’un niveau d’enseignement élevé. Par conséquent, ces pays deviennent plus forts grâce aux compétences de leurs habitants et non pas par leur grand nombre. Par contre, dans les pays à forte croissance démographique, les dépenses sur l’enseignement, la santé et les différents services sont minimes par rapport au nombre d’habitants, et le résultat n’est autre que la persistance de la pauvreté et du chômage.
Tous les organismes de l’Etat doivent s’épauler afin de convaincre les Egyptiens de l’importance de limiter les naissances et de se contenter de deux enfants par famille. Ils devront affronter les idées désuètes qui ne sont plus compatibles avec notre ère contemporaine où les machines, les équipements et les industries ont évolué de sorte qu’elles ne nécessitent qu’une main-d’oeuvre limitée, mais qui soit hautement qualifiée.
Le contrôle des naissances doit devenir l’un des piliers du développement et de la préservation des ressources naturelles. Une large campagne de sensibilisation se présente donc comme une nécessité. Le ministère de la Santé se doit de présenter toutes les informations nécessaires, d’offrir une large panoplie de moyens de contraception et d’expliquer aux femmes comment éviter une grossesse indésirable tout en augmentant le nombre de centres médicaux pour la santé de la femme.
Dans ce contexte, le rôle des hommes de religion est primordial pour affronter les fausses idées et convaincre les Egyptiens que la force de la société n’émane nullement de son grand nombre, que les choses ont changé et que les notions de la puissance ne comptent pas sur la croissance démographique, mais sur les connaissances, les sciences, les talents et les compétences. Quant aux médias, ils doivent développer leur message pour réfuter les idées négatives qui entravent le succès des campagnes de contrôle des naissances, afin d’expliquer à toutes les tranches de la société les effets dévastateurs de la croissance démographique sur les ressources naturelles, sur l’avenir de l’humanité et sur les générations futures.
La direction égyptienne refuse d’adopter des mesures coercitives pour le contrôle des naissances, comptant uniquement sur la compréhension des Egyptiens de l’importance du contrôle des naissances et des dangers dévastateurs de la croissance démographique excessive. Nombreux sont ceux qui réclament l’adoption de mesures plus sévères comme l’ont fait d’autres pays, mais l’Egypte parie sur la conscience de ses citoyens.
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