Les décisions du Sommet européen de Bruxelles à l’encontre de la Turquie sont pour le moins décevantes. Réunis les 10 et 11 décembre dans la capitale belge, les 27 ont écarté, pour le moment, l’option des sanctions économiques à l’égard d’Ankara, se contentant de sanctions individuelles contre certaines personnalités turques impliquées dans les activités de forage en Méditerranée. Les dirigeants européens ont par ailleurs proposé la tenue d’une conférence pour « déterminer l’avenir de l’Est de la Méditerranée ». Mais en laissant la porte ouverte à une éventuelle coopération avec la Turquie, l’UE oublie, ou fait semblant d’oublier, les agressions turques dans l’Est de la Méditerranée. La décision européenne va ainsi permettre au président turc, Recep Tayyip Erdogan, de reprendre ses politiques agressives et provocatrices. Il l’a fait en Libye, à Chypre et dans l’Est de la Méditerranée en faisant fi des lois internationales et des conventions délimitant les frontières.
La décision de « ménager » la Turquie a été prise sous l’impulsion de l’Allemagne et de la Bulgarie, tandis que la France et la Grèce étaient partisanes d’une ligne dure contre Ankara. Berlin et Sofia ont clairement des intérêts avec la Turquie. L’Allemagne se sent vulnérable face à un éventuel afflux de migrants en provenance de Syrie. Une carte qu’Erdogan a déjà utilisée en menaçant d’ouvrir le « robinet » des réfugiés vers l’Europe. L’Allemagne a des intérêts économiques importants dans la région du Bosphore (Berlin dispose de plusieurs chaînes d’approvisionnement dans cette région). N’oublions pas aussi le fait qu’une importante communauté turque (entre 3 et 4 millions de personnes) vit en Allemagne. Idem pour la Bulgarie, qui possède des frontières communes avec la Turquie et qui serait l’un des premiers pays affectés en cas de flux migratoire.
Pour stopper les ambitions et les provocations d’Erdogan dans la région méditerranéenne, l’Europe doit faire preuve d’une grande solidarité. Il en va aussi de la crédibilité du continent.
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