Après la Syrie, la Libye et la dispute avec la Grèce en Méditerranée orientale, la Turquie s’implique dans un nouveau conflit, cette fois-ci dans la région du Caucase. Ankara a annoncé qu’elle « interviendrait militairement dans le conflit qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan si on le lui demandait ». Erevan et Bakou sont entrés en conflit ouvert le 26 septembre dernier au sujet de la région du Haut-Karabakh, peuplée de 150000 habitants. Les affrontements ont fait plus de 300 morts et des milliers de blessés. Et en dépit d’une médiation russe pour faire taire les armes, les hostilités se poursuivent et les deux parties se rejettent la responsabilité des combats.
La Turquie s’est hâtée de s’immiscer dans ce conflit en se servant des mêmes ingrédients que dans les conflits libyen et syrien. Ainsi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, aurait envoyé des milliers de mercenaires syriens dans le Haut-Karabakh pour soutenir l’Azerbaïdjan. Le quotidien britannique The Guardian affirme cette semaine que « des mercenaires ont été embauchés par une société turque avec pour mission de rejoindre la guerre dans le Caucase ». L’intérêt pour Erdogan est clair: assurer sa présence en Azerbaïdjan sans engager l’armée turque. Seul pays à ne pas avoir réclamé la cessation des combats, la Turquie aurait également envoyé, selon l’Arménie, des avions de combat F-16 pour soutenir l’Azerbaïdjan. Soulignons aussi que les militaires turcs entraînent et arment les forces azerbaïdjanaises. En août dernier, l’armée turque avait effectué des exercices militaires en Azerbaïdjan.
L’implication turque dans le Caucase souligne une fois de plus les aspirations de la Turquie et les ambitions de son président au leadership régional. Elle s’explique par plusieurs considérations. Outre les divergences historiques entre la Turquie et l’Arménie, le fait que l’Azerbaïdjan est un pays où réside une importante communauté turkmène est utilisé comme un prétexte par Erdogan pour justifier son intervention dans le Caucase. L’Azerbaïdjan est un pays riche en pétrole et en gaz naturel, avec une grande production offshore. Le pays alimente ses voisins en gaz naturel, notamment la Géorgie, la Turquie, la Russie et l’Iran. Et la Turquie est le principal importateur de gaz azerbaïdjanais.
Ayant échoué à réaliser ses ambitions au Moyen-Orient, Erdogan se tourne à présent vers le Caucase avec le désir de satisfaire ses convoitises régionales. Il se lance dans une nouvelle aventure avec le risque cette fois de soulever la colère de son allié russe, aligné sur l’Arménie .
Lien court: