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23 Juillet 1952, une Révolution pour tous

Lundi, 28 septembre 2020

50 ans après sa disparition le 28 septembre 1970, le raïs Gamal Abdel-Nasser reste un leader et un symbole. Retour sur son époque.

Personne n’a le droit de parler d’un clonage de l’Histoire ou de la repro­duction d’une expérience donnée. La Révolution de Juillet 1952 a été le résultat des défis géné­rés par la Seconde Guerre mondiale. Elle a mené ses batailles au milieu des forces mondiales et a adopté un régime politique populiste qui, à l’époque, était le choix de tous les mouvements de libération nationale dans le monde.

Parler du clonage ou de la repro­duction du 23 Juillet c’est se retour­ner contre l’essence même de cette révolution glorieuse. C’est une pure illusion, car chaque époque a ses défis propres. Nous vivons aujourd’hui dans un monde nouveau qui a tiré les leçons de l’Histoire.

La force d’un quelconque projet réside dans sa capacité à introduire de nouvelles idées et conceptions en accord avec ses valeurs, et ce, par le biais de la critique et de l’innovation. S’il ne le fait pas, il sera voué à une mort clinique.

L’une des plus importantes valeurs du projet de Juillet 1952 était l’indé­pendance de la décision nationale, l’identité arabe de l’Egypte, l’ouver­ture sur le tiers-monde et ses causes et la justice sociale. La Révolution de Juillet prônait également le prin­cipe de l’indépendance en matière de politique et d’économie.

La Révolution de Juillet a tiré sa force de son interaction avec les événements de son époque. Elle a lutté pour se forger une nouvelle conception sur l’union entre les pays du tiers-monde, loin de l’idée de devoir s’aligner sur l’un des deux camps qui ont vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, à savoir le camp occidental capitaliste et le camp communiste.

On a vu alors émerger le mouve­ment de non-alignement. N’importe quelle interaction prend sa significa­tion de ses choix fondamentaux. Il existe une grande différence entre le fait d’interagir avec l’anarchie et la confusion et le fait d’interagir avec des choix et des objectifs. Les grands projets historiques ne sont pas des textes ou des études académiques, mais une forme d’interaction entre l’esprit et la réalité.

Nasser a assimilé dans son projet les meilleures options qui étaient disponibles à son époque. Il s’agis­sait surtout de s’attacher au nationa­lisme arabe, à l’idée de changement social, et de soutenir les couches défavorisées. La justice sociale était la base de sa légitimité. Elle s’est manifestée dans les réformes que Nasser a entreprises dans les domaines de la santé, de l’enseigne­ment et des services sociaux. Cette justice sociale était également syno­nyme de droit de l’individu au tra­vail et à une part du PIB. Bref, à une vie digne dans sa patrie et à un ave­nir sûr. Il y avait aussi le besoin d’intégrer au sein du projet arabe les valeurs du pluralisme, de la démo­cratie et des droits de l’homme. Cependant, il est difficile de dire que la révolution était une reproduction du mouvement des non-alignés ou qu’elle représentait une union arabe semblable à celle des années 1950. La Révolution de Juillet n’a jamais été une théorie, mais un projet dont les valeurs servent de référence.

Deux causes sont fortement liées l’une à l’autre, chacune se rapportant à une révolution. La première concerne la Révolution du 23 Juillet 1952 qui a questionné la justice sociale, dans un pays où la popula­tion était en proie à une fatigue incroyable. La seconde se rapporte à la Révolution de Janvier 2011 au centre de laquelle se trouvait la ques­tion de la liberté politique. Le non-respect de ces principes revient à entrer en collision avec l’époque. Alors que le fait de renier la justice sociale porte atteinte à l’idée même de la liberté.

Lorsque nous avons oublié les faits historiques, nous avons coupé la révolution de son environnement social. La Révolution de Juillet est un héritage commun qui ne concerne pas un courant politique ou une génération spécifique. Toutes les parties ont le droit d’exprimer leurs points de vue à son propos et d’avoir des opinions divergentes. Mais à condition que l’Histoire et ses faits essentiels ne soient pas défigurés. Personne n’a le droit de parler sans se référer à une preuve ou à une logique.

La révolution a pris fin totalement dans les années 1970 et l’ex-prési­dent, Anouar Al-Sadate, a annoncé la fin de la légitimité révolutionnaire pour passer à la légitimité constitu­tionnelle

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