Presqu’un mois après les événements du 30 juin et le renversement de Mohamad Morsi, détenu dans un lieu tenu secret, les autorités ont annoncé cette semaine la mise en détention provisoire de l’ex-président, accusé notamment de « conspiration » avec le mouvement Hamas. Morsi fait face à une liste d’autres charges : incendie criminel, destruction de documents, enlèvement et assassinat délibéré de détenus, d’officiers et de soldats …
Les Frères musulmans, dont est issu le président destitué, ont qualifié ces accusations de « ridicules », estimant qu’elles constituaient le signe d’un retour à l’ancien régime de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire en février 2011. « Ces accusations ne peuvent absolument pas être prises au sérieux », disait cette semaine un porte-parole de la confrérie, Guéhad Al-Haddad. Selon les autorités, un juge aurait rencontré Morsi et l’aurait « confronté à des preuves ».
La mise en détention de Morsi avait été annoncée il y a une dizaine de jours par le quotidien Al-Ahram. La nouvelle avait alors été démentie par l’armée.
Depuis son renversement le 3 juillet, Morsi était devenu un véritable fardeau pour le nouveau pouvoir. Le maintenir en lieu secret revenait à le « transformer en martyr » en alimentant les rumeurs et les spéculations sur son enlèvement, avec pour résultat des pressions croissantes de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne en faveur de sa libération. D’un autre côté, une éventuelle libération de Morsi aurait compliqué une situation déjà largement compromise sur le terrain où la tension est à son paroxysme entre les partisans de l’ancien président et le nouveau pouvoir. Une telle hypothèse trop risquée sur le plan de la sécurité n’était donc pas envisageable. La seule « porte de sortie » consistait à inculper l’ancien président et à le remettre « entre les mains de la justice ». Et c’est à cette dernière de mener l’enquête. Dans ce contexte, la nouvelle publiée la semaine dernière par Al-Ahram n’était qu’un ballon d’essai visant à tester la réaction des islamistes retranchés sur la place Rabea Al-Adawiya à l’est du Caire.
Mais outre ces considérations, la mise en détention de l’ex-président augure d’une campagne d’arrestations intense contre les dirigeants de la confrérie des Frères musulmans, accusés d’incitation à la violence. Elle a surtout exacerbé les tensions sur le terrain. Les affrontements sanglants qui ont eu lieu cette semaine au Caire dans le quartier de Madinet Nasr entre les partisans du président déchu et les forces de l’ordre en sont la preuve.
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