Pendant plus de 9 ans, l’Egypte a tout fait pour trouver un accord équitable avec l’Ethiopie au sujet du barrage de la Renaissance et espère encore y parvenir, malgré les obstacles. Pour faire valoir ses droits dans les eaux du Nil, Le Caire n’a jamais manqué d’arguments. Il y a d’abord les droits historiques obtenus en vertu des accords de 1929 et de 1956 qui garantissent à l’Egypte une part annuelle de 55 milliards de m3 d’eau. Mais bien avant ces accords, les droits hydriques de l’Egypte dans les eaux du Nil étaient garantis par les traités de 1902 et 1906. En mai 1902, lors de la démarcation des frontières entre le Soudan et l’Ethiopie, le roi d’Abyssinie s’engage à ne pas ériger d’installations sur le Nil bleu ou le lac Tana sans le consentement préalable de l’Egypte et du Soudan. L’accord a été écrit en amharique et signé par le roi. En décembre 1906 à Londres, un accord est signé entre la Grande-Bretagne, la France et l’Italie. L’article IV de l’accord garantit les intérêts de l’Egypte dans le bassin du Nil, en particulier l’arrivée des eaux du Nil bleu et de ses affluents. L’accord tient en outre compte des intérêts des autres pays riverains.
L’Ethiopie conteste le principe des droits historiques, pourtant reconnus internationalement, et insiste sur son droit au développement. Mais l’Egypte s’est-elle opposée un jour au droit de l’Ethiopie de développer son économie ? Le problème est que l’Egypte est un pays aride qui ne dispose pratiquement d’aucune source d’eau hormis le Nil. Elle dépend du fleuve à 97%. L’Ethiopie, elle, n’est pas un pays pauvre en eau. Elle dispose de 20 bassins versants et reçoit chaque année 960 milliards de m3 d’eau grâce aux pluies. C’est 9 fois la quantité d’eau que reçoit l’Egypte à travers le Nil. L’Ethiopie dit avoir besoin de générer de l’électricité pour assurer ses besoins en développement. Mais là encore, l’argument ne tient pas. Le barrage de la Renaissance a une capacité de production électrique de 6 000 mégawatts. Or, la consommation de l’Ethiopie et de tous les pays voisins réunis ne dépasse pas les 800 mégawatts.
L’Ethiopie soutient que l’Egypte a construit le Haut-Barrage et lancé le projet de Tochka sans la prévenir. Mais Addis-Abeba a-t-elle été lésée par l’un de ces projets ? Les Ethiopiens ont-ils oublié que l’Egypte est le pays de l’embouchure? Si l’Ethiopie a droit au développement, l’Egypte a droit à la vie .
Lien court: