Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, poursuit son aventurisme périlleux dans la région. Outre son intervention en Libye, qui met en péril la sécurité de la région à travers le transfert de plusieurs milliers de djihadistes dans ce pays, deux autres faits sont venus confirmer cette semaine la « piraterie » d’Erdogan dans la région de la Méditerranée et au Proche-Orient. Le premier a eu lieu au large de la Méditerranée à environ 200km des côtes libyennes, lorsqu’une frégate de la marine française a croisé un bateau turc. La frégate française était en mission pour vérifier les cargaisons des navires naviguant au large de la Libye afin de s’assurer qu’ils ne transportent pas d’armes, et ce, dans le cadre d’une opération lancée par l’Otan pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye. Le bateau turc, qui avait coupé son transpondeur, a refusé de s’identifier et d’indiquer sa destination. Des bâtiments de la marine turque ont alors illuminé à trois reprises la frégate française avec leurs radars de conduite de tirs, ce qui équivaut à des tirs de sommation. Le bateau turc s’est mis en posture de combat. Un geste hautement agressif. L’OTAN a décidé d’ouvrir une enquête sur l’incident. Mais la tension est déjà montée entre la France et la Turquie. Paris, qui accuse Ankara de violer l’embargo sur les armes à destination de la Libye, a reçu le soutien de dix autres pays membres de l’alliance.
De la Méditerranée à l’Iraq où le président turc vient de lancer une offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’opération baptisée « Griffes d’aigle » est la plus importante depuis au moins cinq ans. Là aussi, Erdogan a soulevé les protestations du gouvernement iraqien, qui dénonce une violation de sa souveraineté. Le ministère iraqien des Affaires étrangères a convoqué le plus haut diplomate turc, à Bagdad, pour protester contre les bombardements turcs sur des bases présumées des séparatistes kurdes du PKK, à Dahouk et Erbil, dans le nord de l’Iraq. La Ligue arabe a également condamné la violation de la souveraineté iraqienne qui « sape le droit international et les relations de la Turquie avec ses voisins arabes ».
En difficulté sur le plan interne, Erdogan veut, semble-t-il, redorer son blason en se lançant dans une série d’aventures externes. Sa popularité est sur le déclin et la situation économique est plus que mauvaise. Les deux événements sont hautement révélateurs des politiques déstabilisatrices du président turc qui joue désormais le rôle du « voyou » dans la région .
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