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Quel destin pour la cause palestinienne ?

Dimanche, 14 juin 2020

Comment le peuple palestinien et sa direction vont-ils se comporter durant la prochaine phase alors qu’ils voient le rêve de l’Etat indépendant s’effondrer ?

Avant de répondre à la question, il faut s’interro­ger sur ce que veulent les Palestiniens? Brièvement, les Palestiniens aspirent à instaurer un Etat indépen­dant dont la souveraineté s’étendrait aux frontières de 1967 et dont la capitale serait Jérusalem-est (22% des territoires historiques de la Palestine). Un Etat qui cohabiterait avec l’Etat d’Israël dans un contexte de paix et de sécurité. Et cet objectif se réaliserait à travers des négociations avec le côté israélien sous la supervision de la communauté internationale.

Il semble impératif d’expliciter la position de la communauté internationale envers la cause palesti­nienne et qui peut être résumée dans les quatre points suivants :

Premièrement: Les pays arabes, ceux-ci adoptent la même position que les Palestiniens et qui ont clairement exprimé cette position à travers l’initia­tive de paix qui a été proposée pendant le sommet de Beyrouth en mars 2002. Les leaders et les direc­tions arabes, avec à leur tête la direction politique égyptienne, se sont dits prêts à « accepter ce que les Palestiniens acceptent et à refuser ce que les Palestiniens refusent ». Cette position s’est concré­tisée lors des dernières réunions de la Ligue arabe sur la cause palestinienne.

Deuxièmement: Israël, qui insiste sur le principe selon lequel n’importe quel Etat palestinien qui verrait le jour en Cisjordanie et dans le secteur de Gaza doit passer par un portail unique qui est celui de la sécurité israélienne, abstraction faite du prix que devront payer les Palestiniens ou des territoires auxquels ils devront renoncer. Ceci en plus de la position israélienne intransigeante qui exclut la question de Jérusalem et des réfugiés des négocia­tions.

Troisièmement: Les Etats-Unis, et plus précisé­ment l’Administration actuelle, s’alignent claire­ment sur la position israélienne. L’Administration américaine est passée de « partenaire dans les négociations » à « partie totalement alignée sur Israël ». Ceci est clair dans le plan de paix améri­cain proposé par le président Donald Trump en janvier 2020 qui octroie aux Israéliens ce qu’ils veulent et ne mentionne que la « possibilité de créer un Etat palestinien désarmé sans réelle souverai­neté ».

Quatrièmement: La communauté internationale, c’est-à-dire les pays européens, la Chine, la Russie et les pays asiatiques et africains. Cette commu­nauté internationale adopte presque les mêmes positions que les Palestiniens et les pays arabes concernant la création de l’Etat palestinien indépen­dant dans les frontières de 1967. De plus, elle s’op­pose aux mesures israéliennes unilatérales. Mais est-ce que la communauté internationale a les moyens de faire pression sur Israël pour l’amener à changer ses positions ou au moins à accepter cer­taines revendications palestiniennes? A mon avis, ces moyens sont restreints.

Dans le passé, la communauté internationale se contentait de condamner les agissements israéliens dans les Territoires palestiniens.

Sans nul doute la communauté internationale sera confrontée à un test réel quand Israël commencera l’annexion de la vallée du Jourdain.

Partant, on peut résumer ainsi la situation. Premièrement, l’intention d’Israël d’annoncer l’an­nexion des colonies israéliennes en Cisjordanie est basée sur une quasi-entente à l’intérieur du nouveau gouvernement. Deuxièmement, les Palestiniens, qui tentent de faire face à cette décision, se retrouveront obligés de faire l’équilibre entre la décision de se libérer des engagements conclus avec Israël et les Etats-Unis et la nécessité d’assumer la responsabi­lité des 4 millions de Palestiniens à Jérusalem et en Cisjordanie. Troisièmement, Washington tient à appliquer son plan de paix qui comprend l’annexion de la vallée du Jourdain. Par conséquent, la pression américaine sur Israël pour annuler la décision de l’annexion sera inexistante.

Il faut savoir que les pays arabes, qui ont précé­demment annoncé leur refus du plan américain de paix et qui ont assuré leur attachement à l’initiative arabe de paix, se trouveront devant une nouvelle situation si Israël commence à exécuter le plan d’annexion. On ne peut pas s’attendre à un change­ment radical de la position arabe qui obligerait Israël à changer de position.

La communauté internationale exprimera son refus total de la décision israélienne.

La communauté internationale, Etats-Unis et Israël compris, doit comprendre que la cause pales­tinienne est différente de n’importe quel autre conflit en Libye, en Syrie ou au Yémen. La pour­suite de la situation sans solution équitable peut mener à une explosion, surtout que la coordination sécuritaire entre les parties palestinienne et israé­lienne sera suspendue. Ce qui aura une influence négative sur toute la région.

La cause palestinienne restera la cause centrale arabe quelles que soient les complications. Face à l’annexion de la Cisjordanie, les pays arabes doi­vent faire pression sur les Etats-Unis et Israël afin de réaliser deux objectifs essentiels. Le premier et le plus important est l’arrêt de la décision israélienne et le deuxième est la reprise des négociations afin que la cause palestinienne profite d’un dynamisme qui ne pourra pas se réaliser dans d’autres circons­tances.

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