Pourquoi le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a-t-il fait le déplacement cette semaine en Israël ? La visite de Pompeo est intervenue un jour avant la prestation de serment du gouvernement Netanyahu-Gantz devant la Knesset. N’arrivant pas à se départager au terme de trois élections successives, les deux hommes avaient conclu un accord de partage du pouvoir. Celui-ci prévoit notamment la mise en place d’une stratégie pour appliquer le plan de paix américain, annoncé récemment par l’Administration Trump. Le plan en question fait de Jérusalem la capitale indivisible d’Israël et donne à l’Etat hébreu le feu vert pour annexer la vallée du Jourdain, qui représente environ 30% de la Cisjordanie. C’est précisément de ce plan dont il fut question entre Pompeo et ses interlocuteurs israéliens parmi d’autres sujets de discussion.
Benyamin Netanyahu avait déclaré qu’il appliquerait le plan d’annexion de la Cisjordanie dès juillet prochain. Or, la visite de Pompeo avait pour objectif de mettre en garde les dirigeants israéliens contre une application trop rapide du plan d’annexion de la Cisjordanie, que les Palestiniens considèrent comme une partie intégrante de leur futur Etat. En effet, l’Administration Trump est soumise à d’intenses pressions de la part des pays de la région pour donner un coup de frein aux plans israéliens. Pompeo a clairement évité d’évoquer publiquement cette question. Il a toutefois fait allusion à la possibilité de ralentir l’annexion.
Après avoir annoncé son plan de paix en janvier dernier, l’Administration américaine se rend compte de la dangerosité de ce plan, et atténue quelque peu sa position, sans pour autant faire marche arrière. Le plan, entièrement aligné sur Israël, vise entre autres à séduire l’électorat juif de droite de Donald Trump dans la perspective des élections américaines en novembre prochain.
L’annexion de la vallée du Jourdain amènerait l’annulation simultanée de tous les accords sécuritaires signés entre Israël et l’Autorité palestinienne. Elle provoquerait un exode de Palestiniens vers la Jordanie voisine avec des risques de déstabilisation de la région. Les résultats d’une telle action par Israël sont totalement imprévisibles. Elle provoquerait assurément la colère de l’opinion publique dans le monde arabe et saperait à jamais la solution des deux Etats. Une fois de plus, l’Administration américaine semble tiraillée entre son alignement total et inconditionnel à Israël et sa volonté de ne pas trop fâcher ses alliés arabes dans la région. Mais Washington n’a-t-il pas déjà perdu toute crédibilité en tant que parrain du processus de paix ?.
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