Profitant du fait que le monde entier est occupé par la crise du coronavirus, le régime turc s’est hâté d’augmenter le nombre de ses mercenaires en Libye pour aider le Gouvernement d’union nationale face aux troupes de l’Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Au cours des dernières semaines, la Turquie aurait ainsi fait entrer en Libye plusieurs centaines de combattants issus de groupes armés opérant en Syrie, dont beaucoup sont proches du terrorisme djihadiste.
On estime à plus de 6 000 le nombre de ces miliciens engagés sur le front contre les troupes de Haftar. Ankara cherche en effet à les « recycler » sur le front libyen. Erdogan a tenté de mettre à profit ses relations avec les Frères musulmans en Tunisie pour introduire ces mercenaires sur le territoire libyen. Le 25 décembre dernier, il effectuait une visite surprise à Tunis au cours de laquelle il rencontrait son homologue tunisien, Kaïs Saied. Le 27 janvier, il se rendait en Algérie toujours avec le même objectif : détourner l’embargo imposé par l’Onu sur la fourniture d’armes à la Libye. Ces visites en Afrique du Nord n’ont pas été couronnées de succès. Mais le président turc continue à s’entêter envoyant ses mercenaires en Libye par la mer. Il faut savoir qu’Ankara a été critiquée pour avoir conclu un accord militaire avec le GNA ainsi qu’un accord maritime qui vise à étendre les frontières maritimes de la Turquie. Cet accord a été dénoncé par la Grèce.
Les manoeuvres d’Erdogan et son interventionnisme n’ont fait qu’envenimer le conflit en Libye. Face à une situation qui se complique, le maréchal Khalifa Haftar a annoncé, le 27 avril, son retrait de l’accord de Skhirat, conclu en 2015. Une manière de protester contre l’intervention turque. Dans un message télévisé diffusé par le bureau des médias des forces armées libyennes, le maréchal a affirmé que le pouvoir passait à l’armée.
Le conflit en Libye a fait jusqu’à présent 200 000 déplacés. Dans un rapport cette semaine, la mission de l’Onu en Libye (Manul) a fait état de 64 morts et 67 blessés parmi les civils durant les trois premiers mois de l’année, déplorant une hausse par rapport à la même période en 2019. Le 24 avril, l’Onu et l’Union européenne avaient appelé les deux camps rivaux en Libye à une trêve pour le mois de jeûne musulman du Ramadan, qui débutait le jour même. Affirmant répondre à cet appel, le maréchal Haftar a annoncé mercredi « la cessation des opérations militaires ». Les combats n’ont toutefois pas cessé au sud de Tripoli et des explosions continuaient d’être entendues depuis le centre de la capitale. Les agissements turcs n’ont fait qu’exacerber le conflit en Libye, un facteur de déstabilisation dans la région .
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