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Les coûts économiques du coronavirus

Mardi, 17 mars 2020

La propagation du coronavirus, au-delà des risques sur la santé, menace la stabilité de l’ordre mondial, causant des dégâts humains importants, et faisant peser sur l’économie mon­diale de lourdes charges, dont l’impact se fera sentir pendant des années. On remarque qu’avec l’ouverture économique et le développement du commerce international, ainsi qu’avec le transfert des capitaux et le déplacement intense des indivi­dus à travers les frontières, les épidémies connais­sent une propagation plus importante. Effectivement, l’ouverture économique constitue un canal de transfert des virus entre les Etats et leur transformation en épidémies mondiales en quelques jours. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reçoit chaque année plus de 5 000 avis concernant des épidémies qui se propagent de par le monde, comme le choléra, la peste, la tuberculose et autres. Et enfin, le coronavirus.

L’économie mondiale assume un coût annuel évalué entre 500 et 570 milliards de dollars à cause des épidémies, ce qui constitue 0,7 % du PIB mondial, selon les estimations du Fonds monétaire international et du Forum économique mondial. A la fin de l’année 2019, le coronavirus s’est propagé dans la ville chinoise de Wuhan, ce qui a poussé l’OMS à annoncer un état d’urgence mondial et la Chine à imposer la quarantaine et à suspendre les déplacements intérieurs. Très rapi­dement, un nombre d’Etats ont annoncé l’appari­tion de la maladie sur leurs territoires, amenant des pays à stopper les vols aériens et à imposer la quarantaine dans les aéroports.

La Chine étant une puissance mondiale, tout trouble que connaît l’économie de ce pays a des répercussions graves dans le monde, surtout que le coronavirus s’est propagé dans un contexte économique mondial critique : ralentissement de la croissance économique mondiale, crise du départ de la Grande-Bretagne de l’UE et guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Depuis que l’OMS a annoncé l’état d’urgence au niveau international à cause du coronavirus, l’inquiétude et l’angoisse sévissent sur l’écono­mie chinoise et ses partenaires. De nombreuses usines ont suspendu leurs lignes de production, les investissements étrangers ont reculé et de nombreuses multinationales comme Google, Ikea et Toyota ont fermé leurs bureaux et filières en Chine. Cette situation menace une hausse du chômage et l’isolement de la Chine. Au niveau international, le PIB chinois constitue environ 20 % du PIB mondial, après les Etats-Unis (24 %). L’économie chinoise est étroitement liée à l’économie mondiale à travers le commerce et le déplacement des individus et des capitaux. Donc, la crise de l’économie chinoise cause encore plus de pression sur l’économie mon­diale. Selon Bloomberg, l’économie mondiale pourrait perdre plus de 160 milliards de dollars à cause de la propagation du coronavirus de par le monde.

Quant à l’économie égyptienne, elle n’est pas isolée du contexte économique mondial. Avec la suspension de certaines activités productives en Chine et le recul du mouvement du commerce extérieur, les achats à la Chine, premier pays importateur de l’Egypte, vont baisser. En 2020, ils représentaient 15 % du total des importations de l’Egypte. Avec cette baisse, en particulier des matières brutes et des biens intermédiaires, la production et le fonctionnement des usines vont ralentir. Cependant, malgré la hausse du taux d’inflation en janvier 2020 de 2,7 % à 2,4 % en comparaison à décembre 2019, ce taux reste minime et n’a pas encore influencé la politique d’assouplissement monétaire adoptée par la Banque Centrale d’Egypte.

De plus, l’économie égyptienne, solide, conti­nue d’attirer les investissements grâce à plusieurs facteurs, dont les plus importants sont l’existence d’une infrastructure forte, la loi de l’investisse­ment, l’élargissement du marché local, la pluralité des accords commerciaux avec de nombreux Etats et les coalitions économiques. Cela peut permettre de transformer les dangers de la baisse des importations chinoises en une opportunité de les remplacer par la production locale, en plus de la hausse des taux d’exportation et l’encourage­ment à la consommation des produits locaux.

Enfin, malgré les grandes menaces écono­miques résultant de la propagation des épidémies et des virus au niveau mondial, le volume des menaces est lié à la capacité des Etats à limiter leur propagation. Ceci semble être prochainement possible grâce aux évolutions importantes au niveau des soins médicaux dans de nombreux Etats du monde. Il est également prévu que les marchés boursiers se rétabliront beaucoup plus rapidement que les marchés des articles.

Cette crise, qui a dévoilé que la stabilité écono­mique mondiale n’est pas solide, a également démontré combien il y a un lien étroit entre l’éco­nomie chinoise et l’économie mondiale, et son influence sur de nombreux Etats à travers l’expor­tation des biens intermédiaires et des matières brutes, qui constituent l’élément essentiel du sec­teur de l’industrie dans de nombreux Etats. Ce qui s’est passé constitue un signal d’alerte pour ces Etats qui doivent exploiter au mieux leurs res­sources économiques locales, afin de subvenir aux besoins des citoyens et d'activer l’économie locale.

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