J’ai dit au correspondant du magazine américain Newsweek, Mike Julio ,que la popularité des Etats-Unis en Egypte n’avait pas connu depuis des années une détérioration comme celle que nous connaissons actuellement. Au moins 33 millions d’Egyptiens se sentent humiliés à cause du peu de cas manifesté par l’administration américaine quant à leur manifestation le 30 juin dernier et son manque de respect concernant leur principale revendication, celle d’évincer le régime des Frères musulmans. Comment pourrons-nous rectifier la position américaine ? a demandé le correspondant. Je lui ai répondu que tout doit commencer par le départ de l’actuelle ambassadrice américaine en Egypte, Anne Patterson. Bien que je voie, lui ai-je affirmé, que le problème a été beaucoup trop personnifié, en considérant l’ambassadrice comme la responsable principale de la dégradation de la popularité de son pays. Comme si elle était le pivot américain de la prise de décision, à la place du secrétariat d’Etat et de la Maison Blanche. Vraie ou non, Anne Patterson symbolise plus que jamais la position passive des Etats-Unis à l’égard de la révolution du 30 juin, et il sera impossible de redorer le blason de l’administration américaine tant qu’elle n’est pas exclue de toute la scène.
J’ai dit au correspondant que cette mesure est le premier pas, mais reste insuffisante. L’administration américaine doit immédiatement cesser ces discours absurdes sur le coup d’Etat. Tout l’entourage d’Obama n’a fait que lui répéter les faux discours sur la légitimité et la nécessité que Morsi achève son mandat. Ce qui est d’ailleurs contradictoire avec l’histoire politique américaine, qui a vu de nombreux retraits de confiance des responsables.
N’oubliez pas que ce sont les médias américains qui ont commencé à faire la propagande de l’idée du coup d’Etat, saisie plus tard au vol par les autres cercles occidentaux.
Si l’administration américaine veut améliorer ses relations avec l’Egypte, elle doit manifester une certaine dose de respect au peuple égyptien en reconnaissant son droit authentique à choisir lui-même ses dirigeants. Le tout doit se dérouler dans une atmosphère de transparence et de clarté, loin des discours diplomatiques flous. Le président Obama a été tranchant lorsqu’il a fait l’éloge des événements du 25 janvier 2011. Loin d’être aussi tranchant, il a désavoué la légitimité de la volonté populaire qui s’est exprimée à haute voix le 30 juin dans la plus grande manifestation politique que l’humanité ait jamais connue. Si Obama ne rectifiera pas son tir, l’image de marque de son pays ne fera qu’empirer. L’opinion publique a commencé à parler de la nécessité de se passer de l’aide américaine, qui fera prochainement l’objet d’une revendication populaire et que le gouvernement doit prendre au sérieux. Si les choses prennent ce tournant, nous pourrons dire adieu aux relations américano-égyptiennes. Et qu’Obama se contente de ses relations avec la confrérie des Frères musulmans.
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