Depuis environ 2 ans, on parle sans cesse d’une initiative américaine de paix au Proche-Orient. Enfin, le président américain Donald Trump a annoncé, le 28 janvier, son initiative de paix en présence du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Puis le lendemain, les détails du plan ont été publiés sur le site électronique de la Maison Blanche.
Tout le monde savait que cette initiative serait basée sur l’économie en tant que clé à un règlement de la cause palestinienne. Ce concept n’est pas nouveau, puisque Shimon Peres l’avait proposé en 1996 dans son livre Le Nouveau Proche-Orient, lorsqu’il a parlé d’un marché proche-oriental auquel Israël contribuerait avec sa technologie et les Arabes avec leur argent. Il n’est donc pas surprenant que Donald Trump reprenne l’idée, puisque c’est un homme d’affaires qui ne connaît que le langage des chiffres, et pour lui, tout peut être acheté et vendu. Si les Palestiniens acceptent l’initiative, Trump leur promet 50 milliards de dollars qui seront payés par les pays du voisinage, en plus d’un million d’emplois au cours des 10 prochaines années. Selon Trump, le taux de pauvreté va baisser de moitié et le PNB va doubler, voire tripler.
Mais l’économie ne peut en aucun cas être une solution au conflit israélo-palestinien, car il prive la cause palestinienne de son droit à l’autodétermination. Au lieu de liquider les colonies israéliennes sur les territoires palestiniens occupés, le plan américain veut construire des logements pour les Palestiniens sur leurs territoires offerts à Israël. Il n’est donc pas étrange que certains analystes estiment que le plan de Trump a été formulé de sorte à ce qu’il soit rejeté, mais après qu’il a garanti à Trump les voix du lobby juif aux élections de novembre prochain.
Le discours de Trump a par ailleurs mentionné deux fois l’Iran. La première est la plus importante. Trump a parlé des services généreux qu’il avait présentés à Israël et qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait présentés, et cela est vrai. Il a mentionné le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, sa reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan, puis il a ouvertement mentionné le point le plus important, qui est le retrait américain de l’accord nucléaire avec l’Iran. Ce qui lui a valu les applaudissements chaleureux de l’audience.
Avec cette déclaration claire qui annonce que Washington s’est désengagé de l’accord nucléaire avec l’Iran, exclusivement pour Israël, Trump établit un lien direct entre sa description de l’Iran comme principal parrain du terrorisme dans le monde et sa menace à la sécurité d’Israël. C’est ainsi qu’il dissipe les illusions selon lesquelles les Etats-Unis veulent changer le comportement de l’Iran pour assurer la stabilité du Golfe arabe et de l’Iraq, et stopper les ingérences iraniennes en Syrie, au Yémen et au Liban. Donc, tout va bien au Proche-Orient tant que tout va bien en Israël et vice-versa. Ce n’est pas la première fois que Trump donne l’impression qu’Israël constitue l’unique motif de son animosité envers l’Iran. L’été dernier, il avait mentionné que tout ce qui importait pour lui était que l’Iran ne possédait pas l’arme nucléaire. Et en ce qui concerne les menaces iraniennes de fermer le détroit d'Ormuz, Trump a annoncé que son pays produisait suffisamment de pétrole et que les Etats importateurs de pétrole devaient assumer eux-mêmes la responsabilité de sécuriser la navigation dans le Golfe arabe, et il voulait parler précisément de la Chine. Trump l’a dit lui-même, son retrait de l’accord des 5+1 est le service le plus important rendu à Israël.
La seconde fois où l’Iran a été mentionné, c’était quand il a fait allusion à la liquidation de Qassem Soleimani. Ici aussi il y a une relation directe et claire entre cette liquidation et la sécurité d’Israël. Le général Soleimani était le commandant en chef des brigades iraniennes d’Al-Qods, et il était responsable de toutes les opérations iraniennes extérieures. Il était l’architecte des ingérences militaires et politiques iraniennes en Syrie et en Iraq où il se baladait en plein jour portant son costume de la Garde révolutionnaire. Soleimani était également une source de menaces dangereuses pour les pays du Golfe. De plus, Soleimani prétendait qu’une guerre contre Israël était inéluctable pour libérer Jérusalem.
Puis Netanyahu a dit que la position de l’Administration Trump à l’égard d’Israël était « historique ». Il a également fait l’éloge de la position américaine envers l’Iran, du retrait américain de l’accord nucléaire et du fait de faire face à Soleimani.
La solidité des relations américano-israéliennes n’a pas besoin de preuve. En revanche, les relations des Etats-Unis avec leurs alliés sont de plus en plus fragiles.
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