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L’ère du changement en Afrique

Lundi, 06 janvier 2020

L’année 2019 était l’année des grands changements en Afrique. Des change­ments positifs dans l’en­semble si ce n’est quelques événe­ments négatifs ici et là. 2019 était marquée par deux événements majeurs : la chute de deux prési­dents, Omar Al-Béchir au Soudan et Abdelaziz Bouteflika en Algérie. Outre l’aspect interne, le change­ment en Algérie aura un impact positif sur la crise du Polisario entre le Maroc et l’Algérie, vu la dispari­tion de la génération des pères fon­dateurs de l’institution militaire algérienne et l’arrivée d’une nou­velle génération à la direction. Une nouvelle génération qui porte de nouvelles idées à l’égard de cette crise, notamment avec les initiatives répétées du roi Mohamad VI.

En ce qui concerne l’Egypte, elle a, en 2019, fortement renforcé ses relations avec le continent africain s’impliquant de plus en plus dans la lutte contre le terrorisme. Une tendance qui devra se poursuivre au cours de 2020 dans les diffé­rents domaines. En effet, l’Egypte va s’engager dans l’une des plus importantes crises du Nord de l’Afrique, la crise libyenne.

Par contre, on s’attend à ce que l’instabilité augmente dans les pays du centre de l’Afrique vu l’ineffi­cacité des interventions françaises au Mali et en Centrafrique, et l’ac­tion insuffisante du G5 Sahel dont l’objectif est de lutter contre le terrorisme. Il est probable, à cause de cet échec, que plusieurs pays de l’ouest de l’Afrique aient retiré leurs réserves monétaires de la Banque de France et renoncé au franc CFA. Une mesure que les autres pays de l’ouest de l’Afrique, comme le Mali, adopteront certai­nement dans un avenir proche.

Quant aux pays de la Corne de l’Afrique, ils pourraient témoigner un certain développement, comme l’Ethiopie par exemple. En effet, les 3 milliards de dollars promis par la Banque mondiale joueront certaine­ment un rôle en 2020 dans le renfor­cement de la position d’Abiy Ahmed dans les élections prévues en mai prochain, malgré la concurrence acharnée de Gohar Mohamed, l’acti­viste politique oromo dont l’ascen­sion en 2019 reflète la crise ethnique dont souffre l’Ethiopie, qui conserve cependant un taux de développement annuel dépassant les 7% par an.

2020 connaîtra une large concur­rence entre les pays de la Corne de l’Afrique autour de l’attraction des investissements étrangers, notam­ment les investissements des pays du Golfe dans le domaine de l’in­frastructure. Addis-Abeba et Dubaï sont à l’origine de cet état de concurrence depuis que cette pre­mière a réussi à créer une atmos­phère concurrentielle pour accroître ses choix dans l’exploitation de ses ports, alors que la compagnie des ports de Dubaï a joué un rôle dans cette concurrence à cause de ses ambitions économiques d’une part et la transformation de la mer Rouge en une région jouissant d’une grande importance straté­gique pour tous les pays du Golfe. Partant, les projets conjoints entre les pays de la mer Rouge évolue­ront vers la formation d’une insti­tution conjointe aux dimensions sécuritaires, économiques et écolo­giques en 2020. D’autre part, les pays de la Corne de l’Afrique connaissent une concurrence d’un autre genre dans les domaines de l’infrastructure, bien que le finan­ceur dans les deux cas de concur­rence entre le Kenya et la Tanzanie soit le Qatar, vu que les deux pays tentent d’imposer leur domination sur les réseaux de transport et de communication avec les pays de la Corne africaine et le sud de l’Afrique.

Au Soudan du Sud, le gouvernement transi­toire reprendra ses tra­vaux en février pro­chain après une suspen­sion d’un an à cause des perturbations poli­tiques. En effet, la déci­sion américaine de sanctionner le ministre de la Défense, Kuol Manyang Juuk, et le ministre des Affaires du Conseil des ministres, Martin Lomoro, Elia, a poussé l’élite poli­tique à Juba à réaliser que la com­munauté internationale est sérieuse dans l’imposition de sanctions contre lui, alors qu’il souffre d’une crise économique étouffante à cause de la hausse des dettes étran­gères.

D’autre part, le Soudan sera sans doute à l’affiche en 2020. En effet, les villes soudanaises ne sont pas seulement sorties victorieuses par le renversement de Béchir, Al-Kartoum occupe le devant de la scène grâce à la nature de l’expérience que pré­sente le Soudan comme modèle de changement. Cette expérience sin­gulière du mouvement révolution­naire arabe dirige un gouvernement transitoire formé en septembre 2019. Un gouvernement qui a relativement réussi à s’écarter des différends poli­tiques des partis et qui s’est engagé dans le défi de la cristallisation des formules de paix avec les mouvements armés au Darfour, dans les montagnes de la Nubie et le sud de Kurdufan.

Un processus qui se terminera probablement au printemps 2020, car les mouvements armés ont perdu le soutien des bases de leurs régions. Et ce, parallèlement à la présentation du projet de la restructuration de l’Etat soudanais pour répondre à sa riche diversité. Raison pour laquelle le premier ministre souda­nais, Abdalla Hamdok, jouit d’une popularité écrasante bien que le peuple s’attende à des difficultés économiques, car le gouvernement a l’intention de lever partiellement les subventions sur les carburants durant les premiers mois de 2020.

Difficultés économiques

Au niveau économique, 2020 connaîtra certes des déceptions à cause de la hausse des dettes et de la gestion des crises qui en décou­lent vu que les taux de croissance des économies du continent afri­cain resteront décevants en 2020. Ce qui conduira au recul des taux de croissance en Afrique subsaha­rienne, selon le FMI. Une autre tendance persistera l’année pro­chaine: il s’agit de la manière dont les pays africains géreront leurs dettes extérieures. En effet, le FMI a prévenu les pays endettés qu’ils allaient affronter de grands pro­blèmes avec le ralentissement des taux de croissance mondiaux qui influenceront l’exportation. Selon le FMI, sept pays africains souf­frent de la crise des dettes dont le Mozambique, le Soudan du Sud et le Zimbabwe, alors que dans 9 autres pays comme l’Ethiopie, le Ghana et le Cameroun, le volume des dettes atteindra un stade sans précédent. Quant à l’Afrique du Sud, elle représente le cas le plus flagrant. Elle est passée d’une éco­nomie prometteuse en une écono­mie qui souffre du ralentissement du taux de développement suite à 6 années de difficultés économiques. Selon les rapports de la Banque mondiale, 2019 était la plus diffi­cile pour de nombreuses raisons, le recul des investissements, la baisse des exportations et la baisse de la productivité. Et ce, à cause des restrictions réglementaires, du dur­cissement du marché du travail, de l’inefficacité de l’infrastructure, de l’accumulation des dettes gouver­nementales et de la hausse de leur coût l

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