L’année 2019 était l’année des grands changements en Afrique. Des changements positifs dans l’ensemble si ce n’est quelques événements négatifs ici et là. 2019 était marquée par deux événements majeurs : la chute de deux présidents, Omar Al-Béchir au Soudan et Abdelaziz Bouteflika en Algérie. Outre l’aspect interne, le changement en Algérie aura un impact positif sur la crise du Polisario entre le Maroc et l’Algérie, vu la disparition de la génération des pères fondateurs de l’institution militaire algérienne et l’arrivée d’une nouvelle génération à la direction. Une nouvelle génération qui porte de nouvelles idées à l’égard de cette crise, notamment avec les initiatives répétées du roi Mohamad VI.
En ce qui concerne l’Egypte, elle a, en 2019, fortement renforcé ses relations avec le continent africain s’impliquant de plus en plus dans la lutte contre le terrorisme. Une tendance qui devra se poursuivre au cours de 2020 dans les différents domaines. En effet, l’Egypte va s’engager dans l’une des plus importantes crises du Nord de l’Afrique, la crise libyenne.
Par contre, on s’attend à ce que l’instabilité augmente dans les pays du centre de l’Afrique vu l’inefficacité des interventions françaises au Mali et en Centrafrique, et l’action insuffisante du G5 Sahel dont l’objectif est de lutter contre le terrorisme. Il est probable, à cause de cet échec, que plusieurs pays de l’ouest de l’Afrique aient retiré leurs réserves monétaires de la Banque de France et renoncé au franc CFA. Une mesure que les autres pays de l’ouest de l’Afrique, comme le Mali, adopteront certainement dans un avenir proche.
Quant aux pays de la Corne de l’Afrique, ils pourraient témoigner un certain développement, comme l’Ethiopie par exemple. En effet, les 3 milliards de dollars promis par la Banque mondiale joueront certainement un rôle en 2020 dans le renforcement de la position d’Abiy Ahmed dans les élections prévues en mai prochain, malgré la concurrence acharnée de Gohar Mohamed, l’activiste politique oromo dont l’ascension en 2019 reflète la crise ethnique dont souffre l’Ethiopie, qui conserve cependant un taux de développement annuel dépassant les 7% par an.
2020 connaîtra une large concurrence entre les pays de la Corne de l’Afrique autour de l’attraction des investissements étrangers, notamment les investissements des pays du Golfe dans le domaine de l’infrastructure. Addis-Abeba et Dubaï sont à l’origine de cet état de concurrence depuis que cette première a réussi à créer une atmosphère concurrentielle pour accroître ses choix dans l’exploitation de ses ports, alors que la compagnie des ports de Dubaï a joué un rôle dans cette concurrence à cause de ses ambitions économiques d’une part et la transformation de la mer Rouge en une région jouissant d’une grande importance stratégique pour tous les pays du Golfe. Partant, les projets conjoints entre les pays de la mer Rouge évolueront vers la formation d’une institution conjointe aux dimensions sécuritaires, économiques et écologiques en 2020. D’autre part, les pays de la Corne de l’Afrique connaissent une concurrence d’un autre genre dans les domaines de l’infrastructure, bien que le financeur dans les deux cas de concurrence entre le Kenya et la Tanzanie soit le Qatar, vu que les deux pays tentent d’imposer leur domination sur les réseaux de transport et de communication avec les pays de la Corne africaine et le sud de l’Afrique.
Au Soudan du Sud, le gouvernement transitoire reprendra ses travaux en février prochain après une suspension d’un an à cause des perturbations politiques. En effet, la décision américaine de sanctionner le ministre de la Défense, Kuol Manyang Juuk, et le ministre des Affaires du Conseil des ministres, Martin Lomoro, Elia, a poussé l’élite politique à Juba à réaliser que la communauté internationale est sérieuse dans l’imposition de sanctions contre lui, alors qu’il souffre d’une crise économique étouffante à cause de la hausse des dettes étrangères.
D’autre part, le Soudan sera sans doute à l’affiche en 2020. En effet, les villes soudanaises ne sont pas seulement sorties victorieuses par le renversement de Béchir, Al-Kartoum occupe le devant de la scène grâce à la nature de l’expérience que présente le Soudan comme modèle de changement. Cette expérience singulière du mouvement révolutionnaire arabe dirige un gouvernement transitoire formé en septembre 2019. Un gouvernement qui a relativement réussi à s’écarter des différends politiques des partis et qui s’est engagé dans le défi de la cristallisation des formules de paix avec les mouvements armés au Darfour, dans les montagnes de la Nubie et le sud de Kurdufan.
Un processus qui se terminera probablement au printemps 2020, car les mouvements armés ont perdu le soutien des bases de leurs régions. Et ce, parallèlement à la présentation du projet de la restructuration de l’Etat soudanais pour répondre à sa riche diversité. Raison pour laquelle le premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, jouit d’une popularité écrasante bien que le peuple s’attende à des difficultés économiques, car le gouvernement a l’intention de lever partiellement les subventions sur les carburants durant les premiers mois de 2020.
Difficultés économiques
Au niveau économique, 2020 connaîtra certes des déceptions à cause de la hausse des dettes et de la gestion des crises qui en découlent vu que les taux de croissance des économies du continent africain resteront décevants en 2020. Ce qui conduira au recul des taux de croissance en Afrique subsaharienne, selon le FMI. Une autre tendance persistera l’année prochaine: il s’agit de la manière dont les pays africains géreront leurs dettes extérieures. En effet, le FMI a prévenu les pays endettés qu’ils allaient affronter de grands problèmes avec le ralentissement des taux de croissance mondiaux qui influenceront l’exportation. Selon le FMI, sept pays africains souffrent de la crise des dettes dont le Mozambique, le Soudan du Sud et le Zimbabwe, alors que dans 9 autres pays comme l’Ethiopie, le Ghana et le Cameroun, le volume des dettes atteindra un stade sans précédent. Quant à l’Afrique du Sud, elle représente le cas le plus flagrant. Elle est passée d’une économie prometteuse en une économie qui souffre du ralentissement du taux de développement suite à 6 années de difficultés économiques. Selon les rapports de la Banque mondiale, 2019 était la plus difficile pour de nombreuses raisons, le recul des investissements, la baisse des exportations et la baisse de la productivité. Et ce, à cause des restrictions réglementaires, du durcissement du marché du travail, de l’inefficacité de l’infrastructure, de l’accumulation des dettes gouvernementales et de la hausse de leur coût l
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