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L’Egypte et le continent noir

Mardi, 17 décembre 2019

Les 11 et 12 décembre s’est tenu le pre­mier Forum d’Assouan pour la paix et le développement durable en Afrique. Quelques jours après, du 15 au 19 décembre dans la Capitale administrative, ont eu lieu les travaux du comité spécia­lisé pour la défense, la sécurité et la sûreté en Afrique, avec la participation des ministres de la Défense et des chefs d’état-major africains.

Deux événements majeurs sur l’Afrique en moins d’une semaine, voilà qui reflète tout l’intérêt porté par l’Egypte au conti­nent noir.

Ainsi, à Assouan, il fut question des problèmes du développement en Afrique ; à la Capitale administrative, ce sont sur­tout les problèmes de sécurité et les moyens de rétablir la paix qui ont été à l’ordre du jour.

L’Egypte a une longue histoire avec l’Afrique subsaharienne. Tout au long du XXe siècle, les relations avec cette région ont oscillé entre la prospérité et le déclin. Dans les années 1950 et 60, l’Afrique était une composante essentielle de la politique étrangère de l’Egypte. Le Caire a soutenu les mouvements de libération africains et a contribué à la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, ancêtre de l’UA). Mais l’accentuation du conflit israélo-arabe et les guerres successives avec Israël dans les années 1960 et 70 ont quelque peu modifié la donne. Le monde arabe est alors devenu le centre de gravité de la diplomatie égyptienne, laissant l’Afrique en retrait. Une situation qui s’est accentuée après l’attentat manqué contre l’ancien président Hosni Moubarak à Addis-Abeba en 1995.

Après les deux Révolutions du 25 Janvier et du 30 Juin, et l’arrivée au pou­voir du président Abdel-Fattah Al-Sissi, l’Egypte a procédé à un rééquilibrage de sa politique étrangère, optant pour un « retour vers le continent ». Ce change­ment de cap est motivé par des considéra­tions d’ordre stratégique et géopolitique mais aussi économique. La conclusion de l’accord d’Entebbe en 2010, qui a réuni plusieurs pays du Bassin du Nil aspirant à une nouvelle répartition des eaux du fleuve, (excluant l’Egypte et le Soudan), et le lancement par l’Ethiopie en avril 2011 du projet de construction du barrage de la Renaissance ont convaincu Le Caire de la nécessité d’une action solide sur le continent pour pouvoir défendre ses inté­rêts. Nouvellement élu en 2014, le prési­dent Abdel-Fattah Al-Sissi multiplie alors les déplacements sur le continent : d’Ad­dis-Abeba à Dakar en passant par Conakry, Abidjan ou Kigali. Jamais un chef d’Etat égyptien n’avait effectué autant de déplacements en Afrique.

Mais l’intérêt de l’Egypte pour l’Afrique ne s’arrête pas à la seule question de l’eau. Le Caire, qui sort de deux révolutions successives en 2011 et 2013, veut relancer son économie. Or, les marchés africains représentent un débouché idéal pour les produits égyptiens. L’Afrique compte aujourd’hui la moitié des pays à la crois­sance la plus forte au monde. Et le conti­nent se pose déjà comme le moteur de la croissance mondiale.

Soulignons enfin la question hautement importante du terrorisme. La prolifération des groupes terroristes dans plusieurs pays subsahariens inquiète fortement Le Caire. D’où la nécessité d’une coopéra­tion sécuritaire accrue avec ces pays. Toutes ces considérations expliquent les nouvelles orientations de l’Egypte en Afrique. Bien plus qu’une question de bon voisinage, les relations avec le conti­nent noir sont une opportunité pour l’Egypte.

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