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Comment remédier au déficit de la balance commerciale ?

Dimanche, 20 octobre 2019

Parmi les plus importants indices publiés par le récent communiqué de la Banque Centrale d’Egypte (BCE) sur la balance des paiements pendant l’exercice financier 2018-2019 figure celui concernant la balance commerciale. Le déficit de la balance commerciale a atteint 38 milliards de dollars, contre 37 milliards de dollars, pendant l’exercice précédent, et ce, après que le déficit de la balance commerciale non pétrolière avait augmenté de 13,4%, enregistrant 38 milliards de dollars, contre 34 milliards au cours de l’exercice 2017-2018. Cette hausse du déficit est le résultat de la hausse des paiements sur les importations des produits non pétroliers d’un taux de 8,6 %, atteignant 55 milliards de dollars, contre 51 milliards de dollars. Alors que les exportations non pétrolières se sont stabilisées à 17 milliards de dollars.

La situation est critique à tel point qu’elle n’est pas devenue uniquement contraignante au niveau du mouvement de la balance des paiements, mais également sur l’économie nationale dans son ensemble. Bien que, paradoxalement, l’un des objectifs essentiels du programme de réforme soit de remédier à ce problème. Soit en baissant la valeur de la livre égyptienne face aux devises étrangères ou en augmentant la valeur des subventions allouées aux exportations de 4 milliards de L.E. dans le budget de l’exercice 2018-2019, pour les chiffrer à 6 milliards dans celui de l’année courante. Dans l’exercice financier courant, les industries mécaniques se sont accaparées 16% de ces subventions, les fruits et légumes 15 %, l’agroalimentaire 14%, les industries chimiques 9%, le prêt-à-porter 7%, l’industrie textile 5% et le mobilier 4%. Alors que, bizarrement, les exportations de la majorité de ces industries ont connu une baisse durant les 2 exercices précités. Et ce, pour dire que ni la hausse des subventions consacrées aux exportations, ni la baisse considérable de la valeur de la livre égyptienne n’ont abouti aux résultats aspirés.

La baisse des exportations et la hausse des importations est un indice dangereux. Economiquement parlant, il est acceptable que la valeur des exportations ne couvre pas la valeur totale des recettes d’importation. Cette dernière comprenant des importations destinées à l’investissement, c’est-à-dire à l’augmentation accumulée du capital, dont les revenus sont générés à long terme en général. Mais il est inacceptable, selon les mêmes théories économiques, que la valeur des importations courantes (après avoir écarté les importations des biens d’investissement) ne contrebalance pas la valeur totale des exportations des biens.

Comment remédier au déficit de la balance commerciale  ?

La structure des exportations égyptiennes, dominée à 70% par les biens traditionnels, prouve qu’il est devenu impératif d’effectuer une étude objective de la situation de la balance commerciale, pour connaître les points de déséquilibre, afin de parvenir à des solutions efficaces.

Il est unanimement accepté par les économistes que la balance commerciale reflète la structure productive de l’Etat et leur évolution, ce qui se reflète sur les échanges et la structure des biens en général. En d’autres termes, il est fondamental de régler radicalement le problème, pour assurer la stabilité sur le long terme.

D’abord, certaines déficiences doivent être traitées à court terme. Ensuite, d’autres déficiences structurelles et menaçantes requièrent des remèdes à long terme. Les programmes de réforme ne sont pas les mêmes dans les deux cas. Pour ce qui est du déséquilibre structurel, le développement des exportations et l’augmentation de la production deviennent les moteurs essentiels de la réforme. Pour ce qui est des programmes à court terme, il est supposé que la capacité productive soit fixe, mais son potentiel n’est pas exploité en entier. Il est donc possible que la production soit modifiée à l’intérieur de la structure économique dans les limites du potentiel disponible.

De nombreux éléments deviennent donc indispensables à la réalisation de ces objectifs. Le plus important étant la présence d’un appareil productif solide et diversifié. Il est également indispensable de garantir et de faciliter le transfert des éléments de production entre les différents secteurs économiques, afin de produire plus d’articles compétitifs au niveau mondial, qui seraient simultanément capables de satisfaire la demande locale.

Dans de telles conditions, il faut également que le marché local soit compétitif, ce qui voudrait dire éviter que le consommateur soit à la merci des pratiques monopolisatrices, quitte à hausser les prix ou à baisser la qualité des produits sur le marché. A un certain niveau, considérer la hausse des prix comme un mécanisme pour limiter les importations entraîne le marché dans le cercle vicieux de l’importation continuelle. Il en résulte l’un des deux scénarios: ou bien la hausse des coûts de production ou la baisse du volume de la production et la détérioration de la capacité productive. La raison est qu’une grande partie des composantes des biens industriels et des pièces de rechange et des équipements est importée. Au cas où il y aurait un manque d’offres de ces composantes, les usines ne fonctionneraient pas à pleine capacité.

D’un autre côté, les biens destinés à l’exportation doivent être soumis à plusieurs facteurs, parmi lesquels l’ampleur et la nature de la demande, le degré de flexibilité de cette demande, le degré de compétitivité par rapport aux autres produits et la nature des marchés vers lesquels les produits égyptiens sont dirigés ainsi que les forces qui dominent ces marchés, etc.

Pour pallier ce déficit de la balance commerciale, la politique actuelle a besoin de modifications profondes, puisqu’elle est essentiellement basée à satisfaire la demande locale et l’exportation du surplus uniquement. Dans de cas pareils, les quantités exportées sont influencées par les niveaux de la consommation locale. Ajoutons la dégradation des conditions de la production et de la productivité au sein de la société. Et ce, puisque les secteurs productifs sont incapables de satisfaire à la fois la demande interne et externe. Cela implique de changer la stratégie actuelle en adoptant les méthodes modernes pour naviguer de pair avec les évolutions qui ont lieu sur la scène internationale. C’est-à-dire adopter les méthodes scientifiques modernes qui permettent à l’Etat de se baser sur des procédures institutionnelles pour former des avantages concurrentiels. Tout en prenant en considération que l’avenir s’oriente plus vers l’usage des technologies qui dépendent sur l’électronique, les nouvelles matières, la biotechnologie, les micro-industries chimiques, et autres qui sont devenues le moteur essentiel de la croissance.

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