Après Alep, la Ghouta orientale et Deraa reconquises respectivement en 2016 et 2018, les forces loyales au président Bachar Al-Assad, soutenues par l’armée russe, se préparent désormais à lancer leur ultime offensive contre le dernier bastion rebelle à Idleb au nord-est du pays. Depuis plusieurs mois, cette petite poche de résistance est soumise à des bombardements intenses de la part des forces loyalistes. Idleb, qui compte 3 millions d’habitants, est contrôlée en grande partie par Hayet Tahrir Al-Cham (l’Organisation de libération de la Syrie), un groupe djihadiste implanté à la frontière turque, et dont le noyau dur est formé de militants de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaëda. D’autres groupes y opèrent, comme le Front de libération nationale, unités émanant de l’Armée Syrienne Libre (ASL) et bénéficiant de contacts avec la Turquie.
En septembre 2018, la Russie, la Turquie et l’Iran avaient annoncé la création d’une zone démilitarisée à Idleb, large de 15 à 20 kilomètres. Un accord avait alors été conclu entre les trois puissances avec l’objectif d’éviter une catastrophe humanitaire à Idleb. En vertu de celui-ci, les djihadistes devaient se retirer hors de la ville et remettre leurs armes lourdes. La Turquie s’était alors engagée à faire respecter les termes de l’accord. Or, celui-ci n’a pas survécu. Et le régime syrien et son allié russe semblent désormais déterminés à chasser les rebelles du nord de la Syrie.
Idleb a donc un enjeu majeur pour le régime syrien. Il s’agit du dernier bastion rebelle au nord de la Syrie, et sa reprise est synonyme de victoire sur la rébellion. D’ailleurs, le président syrien, Bachar Al-Assad, avait déclaré à l’issue de sa victoire à Alep qu’il était déterminé à « libérer chaque pouce du territoire syrien ».
Tout porte à croire qu’Idleb sera le tournant de la guerre. Bachar Al-Assad, qui a déjà reconquis la majeure partie du territoire syrien, semble s’acheminer droit vers une victoire qui scellera le sort de la rébellion. Et c’est désormais sur l’après-conflit que les regards devront se porter. Outre les questions vitales comme la reconstruction, le retour des réfugiés et la question des sanctions, le plus grand défi sera de rétablir la stabilité dans ce pays déchiré par 8 ans de guerre civile. En effet, bien que la situation se soit stabilisée au profit de Bachar Al-Assad, le contexte politique reste tendu en Syrie où opère une multitude d’acteurs en collision les uns avec les autres. Le président Trump semble être revenu sur ses déclarations annonçant un retrait des troupes américaines de Syrie. En effet, Washington, poussé par ses alliés dans la région, est déterminé à rester pour faire face à la « menace iranienne ». Le bras de fer entre Washington et Téhéran dans la région est certes un facteur de troubles. La Turquie, qui a toujours soutenu la rébellion, ne semble pas disposée à lâcher le nord de la Syrie, et cherche par tous les moyens à écarter les Kurdes de cette région. Ces derniers sont d’ailleurs pris en étau entre le régime syrien et Ankara. Enfin, il y a le face-à-face entre Israël et l’Iran, la Russie qui cherche à préserver ses intérêts ainsi que les Occidentaux. Tout se jouera dans les négociations de l’après-conflit où chacune des parties cherchera à jouer ses cartes pour préserver ses intérêts .
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