« Cette fois, on participe ». « Il n’y a que la participation qui puisse mener au changement ». « L’Europe est en crise et c’est pourquoi nous participerons ». « Une nouvelle génération, un nouveau bloc électoral pour une nouvelle Europe » ... Sous ces slogans et d’autres, l’Europe (28 pays et plus de 500 millions de citoyens) se prépare pour les élections du 23 au 26 mai. Ces élections peuvent être considérées comme un test pour les partis politiques historiques qui ont dominé la scène politique européenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit les partis de droite ou ceux de gauche. Au cours des dix dernières années, un nouveau mouvement citoyen impliqué dans le processus démocratique a prospéré sous diverses variantes: partis politiques, mouvements de contestation, mouvements nationalistes radicaux, mouvements populistes et mouvements de revendications sociales.
Des mouvements qui expriment une certaine colère contre les institutions et les élites politiques sclérosées qui ont manqué à leurs nombreuses promesses. Il serait temps pour que l’Europe se régénère. Un examen attentif du mouvement social en Europe permet de constater d’importantes transformations dans de nombreux pays européens au cours des quelques dernières années. L’échiquier politique s’est radicalement transformé à travers les urnes. Nous avons trouvé de nouveaux partis de droite, comme de gauche, propulsés sur le devant de la scène politique. En Allemagne, en Suède ou en Finlande, ces partis ont remplacé ou partagé le pouvoir avec les partis traditionnels. Certains observateurs ont parlé de « séisme politique ».
Plusieurs mouvements sociaux ont pris forme et oeuvré pour que les citoyens aient une présence et un impact à travers les urnes sans forcément passer par les élites politiques traditionnelles. Ils sont représentés par le parti de gauche Podemos en Espagne, le parti de gauche radicale Syriza en Grèce, le Mouvement 5 étoiles en Italie, et En Marche en France, entre autres. Parmi les nouveaux mouvements sociaux, certains ont affiché peu d’intérêt à l’exercice politique proprement dit préférant plutôt être des éléments de pression, de protestation, de résistance, de mobilisation et de tractation. Cette mobilité ne pouvait se propager à l’échelle européenne sans les nouveaux secteurs sociaux, notamment le nombre croissant de groupes ethniques dont les demandes sont aussi nombreuses que les craintes, ainsi que les masses de jeunes qui aspirent à une place sur la liste des priorités de leurs dirigeants. Ces groupes et mouvements ont réussi, malgré leurs différences, à s’unir derrière l’idée d’un nouveau contrat social.
Quant aux raisons qui expliquent comment ces mouvements disparates ont trouvé un terrain commun, on peut citer les répercussions des politiques d’austérité, la dégradation croissante de l’environnement et des ressources naturelles et son impact sur le quotidien des citoyens, ainsi que l’avenir des générations futures, l’intérêt partagé pour le développement des secteurs de la santé et de l’éducation, et enfin la lutte contre l’éternelle injustice entre la minorité riche et la majorité pauvre.
Dans ce contexte, les Européens, notamment les jeunes, ont hâte de participer à ces élections. D’autant plus que le renversement des rapports de force augmente les chances des nouveaux partis et mouvements de se faire représenter au Parlement européen et d’avoir une influence sur sa politique et ses orientations. Selon des sondages d’opinion européens, plus de 50% des citoyens des 28 pays de l’Union européenne (si nous comptons la Grande-Bretagne) sont convaincus que les institutions européennes, en premier lieu le Parlement, doivent s’atteler à la construction d’une nouvelle Europe. Il est à noter que les 20 à 40 ans représentent la moitié de ces 50%. Une étude récente sur la politique des partis européens s’est penchée sur les stratégies adoptées par les nouvelles forces politiques pour remporter un maximum de sièges au Parlement européen. Les forces politiques émergentes ont notamment encouragé la participation au vote parmi de nouvelles tranches d’électeurs, assuré une coordination transfrontalière (au niveau de tout le continent) entre leurs candidats, et construit des coalitions électorales dans plusieurs pays sous de nouvelles dénominations comme le « printemps européen de gauche », « la droite populiste nationaliste », etc. Reste à savoir si ce vent de changement gagnera le Parlement européen. Réponse dans quelques jours .
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