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Israël et le Hamas

Lundi, 01 avril 2019

Après une semaine de tension entre Israël et le Hamas, un calme précaire règne désormais dans la bande de Gaza. Grâce notamment à une médiation de l’Egypte, le spectre d’une nouvelle guerre a pu être écarté, du moins provisoirement. Les hostilités avaient commencé la semaine dernière, lorsque des roquettes sont tombées sur une localité du nord de Tel-Aviv, détruisant entièrement une maison et faisant 7 blessés. Israël avait alors accusé le Hamas d’être à l’origine de l’attaque. Le Hamas, lui, a démenti avoir tiré délibérément ces roquettes, évoquant un « problème technique ». Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a dû interrompre son voyage à Washington, et des échanges de tirs ont eu lieu entre Israël et le mouvement palestinien. Les frictions entre Israël et le Hamas sont récurrentes. En novembre dernier, des affrontements entre les deux parties s’étaient soldés par la conclusion d’une trêve également sous les auspices de l’Egypte.

Cette fois-ci, nous sommes face à une guerre paradoxale où ni l’une ni l’autre partie ne veut aller « jusqu’au bout ». Benyamin Netanyahu est en pleine campagne électorale pour les législatives israéliennes du 9 avril. Il fait face à un adversaire coriace en la personne de l’ancien chef de l’armée israélienne, Benny Gantz, du parti centriste Bleu et Blanc (en référence aux couleurs du drapeau israélien). Netanyahu est régulièrement attaqué par ses adversaires politiques sur la question de Gaza, lui qui a toujours basé son discours électoral sur la sécurité d’Israël. S’il veut se montrer ferme face au Hamas, il ne souhaite assurément pas de guerre totale contre le mouvement palestinien. Une telle guerre pourrait, en effet, lui être préjudiciable. Car s’engager dans un long conflit, c’est prêter davantage le flanc aux attaques de ses adversaires politiques. Netanyahu est contraint donc de jouer les équilibristes. Le chef du gouvernement israélien, comme ses prédécesseurs d’ailleurs, a compris que l’alternative au Hamas dans la bande de Gaza, est le chaos et l’anarchie. Il préfère conclure un accord avec le mouvement palestinien plutôt que de s’engager dans une guerre incertaine.

De l’autre côté de la barre, le Hamas ne souhaite pas non plus de guerre totale. Son objectif était de soumettre le premier ministre israélien à un maximum de pression à l’approche des élections israéliennes, afin de l’amener à prendre des mesures susceptibles d’alléger le blocus économique imposé à la bande de Gaza depuis 10 ans. Rappelons que le Hamas n’a jamais reconnu avoir tiré les roquettes tombées sur Tel-Aviv. Et quelques heures seulement après le début des hostilités, le mouvement palestinien annonçait que les médiateurs égyptiens avaient réussi à instaurer un cessez-le-feu.

Les relations entre Israël et le Hamas ont évolué avec le temps vers une curieuse relation de co-dépendance, surtout sous le mandat de Benyamin Netanyahu. Israël s’est toujours servi du Hamas pour faire contrepoids à l’Autorité palestinienne, et empêcher la réunification de Gaza et de la Cisjordanie en le Hamas. Faut-il oublier que c’est Israël qui a autorisé, dans les années 1970, les groupes islamistes à s’organiser dans la bande de Gaza pour contrer le Fatah? Aujourd’hui, le Hamas dépend beaucoup d’Israël pour sa survie dans l’enclave palestinienne. Pour Israël aussi bien que le Hamas, l’escalade contrôlée est un moyen pour amener l’autre à faire des concessions .

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