Que dire de l’attaque de Christchurch en Nouvelle-Zélande ? Difficile de décrire l’atrocité de cet acte pour le moins abominable et barbare. A l’heure de la prière du vendredi, un inconnu armé fait incursion dans une mosquée de la ville et tire à bout portant sur les fidèles. Il se rend ensuite dans une autre mosquée et répète son geste. Bilan : 40 morts et une vingtaine de blessés. Et pour rajouter à l’atrocité du crime, l’assaillant, un militant de l’extrême droite animé d’une haine contre les musulmans, filme le carnage et poste les images sur Internet.
La machine islamophobe si puissante et violente se remet donc en branle, cette fois-ci en Nouvelle-Zélande à des milliers de kilomètres de l’Europe et des Etats-Unis. Preuve que ce fléau a atteint des proportions universelles. L’attentat vient s’ajouter à une série sanglante d’actes islamophobes survenus au cours des dernières années. Le 29 janvier 2017 au Canada, un homme de 27 ans ouvre le feu sur les fidèles rassemblés pour la dernière prière de la journée à la mosquée de Québec. Bilan : six musulmans tués et 35 blessés. Le 19 juin 2017 au Royaume-Uni, un Gallois de 48 ans fonce au volant d’une camionnette dans la foule des fidèles qui sortent d’une prière nocturne du Ramadan, près de la mosquée de Finsbury Park, dans le nord-est de Londres. Bilan : un mort et douze blessés.
Les raisons de l’islamophobie sont bien connues : rejet de l’autre, amalgame entre islam et terrorisme, et revendications identitaires dopées par un extrémisme violent. Depuis les attaques du 11 septembre, ces facteurs sont soutenus par une rhétorique anti-musulmane en Occident. Une rhétorique qui a pris récemment de l’ampleur. Faut-il rappeler les discours du président américain, Donald Trump, et son fameux Muslim ban. Le chef de la Maison Blanche a déclaré durant sa campagne électorale que le territoire américain devait être « interdit aux musulmans », et que « les lieux de culte musulmans devaient être surveillés ». Trump est allé jusqu’à dire que tous les musulmans d’Amérique devaient « être fichés ». On a donc diabolisé et stéréotypé la population musulmane. La logique islamophobe s’est également installée en Europe où l’on assiste à une poussée de l’extrême droite. L’on se plaît alors à présenter l’islam et les musulmans comme « des ennemis de la civilisation occidentale et des valeurs humanistes ». On a vu même des hommes politiques d’extrême droite exiger que les musulmans soient surveillés de même que leurs institutions et leurs lieux de culte. L’islamophobie est devenue une arme secrète aux mains de certains politiciens qui cherchent à convaincre les populations que la « pluralité est dangereuse ».
Relayée par une machine médiatique impitoyable qui s’est renforcée après l’avènement de Daech et ses crimes contre l’humanité, cette rhétorique anti-musulmane a donné lieu à une nouvelle vague islamophobe.
La diffusion de l’islamophobie est hautement dangereuse. Dangereuse parce qu’elle banalise le racisme et la xénophobie. Dangereuse aussi parce qu’elle met dans le même panier l’agresseur et l’agressé. Cela revient à faire exactement la même chose que les groupes terroristes comme Daech et Al-Qaëda, à savoir tuer des innocents. Dangereuse encore parce qu’elle met en péril l’entente et la compréhension entre l’Occident et le monde musulman. A-t-on oublié que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme dans leurs propres pays et que les pays musulmans sont au premier rang de la bataille contre le terrorisme ?
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