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Le dilemme

Dimanche, 24 février 2019

La défaite définitive de Daech est imminente en Syrie. Les derniers combattants djihadistes sont désormais confinés dans un petit carré d’un demi-km2 à l’est du pays, encerclés par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), alliés à la coalition internationale anti-Daech menée par les Etats-Unis. Les FDS, qui comprennent dans leurs rangs des combattants kurdes et arabes, avaient lancé la semaine dernière l’offensive finale contre le groupe ultra-adical au village de Baghouz, tout près de la frontière iraqienne.

Avec cette défaite « définitive » de Daech en Syrie, la question du retour des djihadistes dans leur pays d’origine est plus que jamais posée, surtout ceux qui viennent de pays occidentaux. Plusieurs centaines de djihadistes sont détenues en Syrie par les Kurdes et par la coalition anti-Daech.

Si des mesures fermes ne sont pas prises à l’encontre de ces djihadistes qui doivent être rapatriés vers leur pays d’origine après la fin du conflit en Syrie, on peut s’attendre à ce qu’une partie d’entre eux cherche à perpétuer le climat de violence et de terreur. Un rapport de la commission européenne publié en 2017 affirme que la seconde génération de djihadistes est « plus enhardie » et « idéologiquement plus motivée » que la première. Cela signifie qu’une fois rapatriés, ces djihadistes tenteront une fois de plus de « faire du mal » s’ils ne sont pas incarcérés.

Or, le retour des djihadistes pose un grand problème juridique et éthique en Occident. Il est extrêmement difficile pour les autorités judiciaires en Europe de trouver des preuves permettant de condamner ces djihadistes, surtout les femmes. Bien que dans de nombreux pays, toute aide présentée aux terroristes soit incriminée, le simple fait de se rendre dans un territoire contrôlé par des groupes terroristes n’est pas considéré comme un acte illégal.

De même, il n’est pas interdit d’épouser un combattant djihadiste. En Angleterre, sur 400 djihadistes de retour d’Iraq et de Syrie en 2017 et 2018, seuls 40 ont été jugés et emprisonnés, selon un rapport du parlement anglais. Les lois en Europe ne permettent pas non plus de faire condamner des personnes pour leurs idées ou leurs convictions. Ainsi, en France, des personnes radicalisées font l’objet de « suivi » par les autorités judiciaires sans être arrêtées ou condamnées.

Pour toutes ces raisons, les pays européens sont réticents à l’idée de rapatrier les djihadistes de Daech. Le gouvernement anglais a ainsi annoncé qu’il n’était légalement pas tenu de rapatrier les djihadistes qui portent la nationalité anglaise de Syrie et d’Iraq, et que « ceux qui souhaitent rentrer en Angleterre doivent en faire la demande auprès du consulat anglais en Turquie ». Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a, lui, déclaré que « les djihadistes allemands ne pourraient revenir en Allemagne que si l’on était sûr qu’ils seraient détenus. Il n’est pas clair comment cela peut être garanti ».

L’Europe est confrontée désormais à un grand dilemme. Car laisser ces djihadistes en Syrie comporte le risque de les voir rejoindre d’autres groupes terroristes dans d’autres pays.

N’oublions pas que Daech dispose de cellules dans plusieurs pays, notamment en Afghanistan, en Libye et au Nigeria, avec Boko Haram. Face à ce danger imminent, l’Occident est plus que jamais appelé à trouver une solution au problème djihadiste .

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