Les autorités douanières de la ville portuairede Khums en Libye viennent de saisir unecargaison d’armes et de matériel militaire enprovenance de Mersin en Turquie. La cargaisoncomprenait notamment des véhicules 4x4,et des chars d’assaut de fabrication turque.Khums est une petite ville secondaire situéeà 100 kilomètres à l’est de Tripoli, où lescontrôles douaniers sont moins stricts quedans la capitale. Une enquête a été ouvertepar les autorités libyennes pour déterminerle destinataire de ces armes. Cependant,selon des sources libyennes des ministères del’Intérieur et de la Défense, ces armes seraientdestinées à deux milices de la Force deprotection de Tripoli, une coalition de factionsarmées proche du Gouvernement d’unionnationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj, et opérantdans l’ouest libyen. Il s’agit de la BrigadeNawasi, et des Forces de Dissuasion Spéciales(FDS). La Brigade Nawasi est l’une des plusimportantes milices de Tripoli. Elle a rallié leGNA en 2016 et est chargée de la protectiondes bâtiments officiels dans la capitale libyenne.Quant aux Forces de dissuasion spéciales, detendance salafiste, elles comptent quelque1 500 hommes, majoritairement des anciensofficiers de police. Les Forces de protectionde Tripoli sont opposées au chef de l’Arméenationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar,qui contrôle l’est libyen.
Ce n’est pas la première fois que descargaisons d’armement turques sont saisiespar les autorités libyennes. Le 17 décembre2018, les douanes du port de Khumsavaient intercepté un porte-conteneurs enprovenance de Turquie, et ont confisqué degrandes quantités d’armes et de munitions.En janvier 2018, les autorités grecques ontintercepté un navire battant pavillon tanzanienà destination de la Libye et transportant 500tonnes d’explosifs. Le navire avait été chargédans les ports turcs de Mersin et d’Iskenderun.En août 2014, l’Armée nationale libyenne(LNA) avait lancé un raid aérien contreun navire à destination du port de Derna,muni d’armes turques destinées aux milicesdjihadistes qui contrôlaient cette ville de l’estde la Libye. La cargaison comprenait des obusd’artillerie et des missiles.
L’Onu a décrété un embargo sur leslivraisons d’armes à la Libye en 2011 aprèsla chute de Mouammar Kadhafi. Celui-cia été renouvelé en juin dernier. Le paysest toujours en proie à la guerre civile,divisé entre deux gouvernements rivaux,le Gouvernement d’unité nationale, basé àTripoli, et celui de Tobrouk à l’est, sous lahoulette du maréchal Haftar.Les saisies répétitives d’armes turques enLibye confirment le soutien du régime turc auxmilices islamistes qui combattent le maréchalHaftar en Libye. Depuis la chute de MouammarKadhafi, le gouvernement turc a toujoursappuyé ces milices dans le cadre de son plande soutien à la mouvance islamiste en Afriquedu Nord, incluant notamment l’Egypte et laLibye. Mais si la chute des Frères musulmans enEgypte a mis fin au rêve d’Erdogan d’étendreson influence en Egypte, celui-ci continue à« intervenir » en Libye.
Erdogan s’inquiète visiblement de l’influencepolitique et militaire grandissante du maréchalHaftar. Les récents pourparlers de paix,parrainés par les Nations-Unies, entre lesgouvernements de Tripoli et de Tobrouk,pourraient en effet renforcer la position dumaréchal. Celui-ci vient d’ailleurs de lancer uneoffensive dans le sud libyen pour combattreles groupes terroristes dans cette région. LaTurquie a pris part en novembre dernier à laconférence de Palerme pour trouver une issueà la crise libyenne, mais cette participation atourné au fiasco, le maréchal Haftar ne faisantpas confiance à Ankara. Quelques semainesseulement après ce fiasco est intervenue lasaisie des armes turques au port de Khums .
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