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La Russie et les règles du jeu en Syrie

Dimanche, 17 février 2019

Washington a été certainement choqué par les réactions de ses alliés envers la décision du président américain Donald Trump de retirer ses troupes de la Syrie, d’autant plus que Washington a prouvé son incapacité à satisfaire les réclamations contradictoires de ses alliés, la Turquie, les Forces démocratiques kurdes de la Syrie et Israël. Or, la Russie, elle aussi, se trouve dans une position critique avec ses alliés : l’Iran, la Turquie, la Syrie en plus d’Israël. Les difficultés et les problèmes des Etats-Unis sont moins lourds, puisque dans tous les cas, à la fin du mois d’avril prochain, les troupes américaines se seront définitivement retirées de la Syrie, comme il a été dernièrement annoncé. Il est tout simplement question des répercussions du départ, ni plus, ni moins. Quant à la Russie, elle affronte les problèmes et les difficultés du « résident » qui doit poser les règles d’un nouveau jeu, et qui garantirait les intérêts de tous ses alliés et partenaires pour le bien de leur avenir. Chose qui semble impossible.

La Russie affronte un problème réel en ce qui concerne la concordance entre l’allié iranien et le partenaire israélien (si on peut se permettre de le qualifier ainsi), et ce, alors qu’Israël insiste à frapper les bases de l’Iran en Syrie et de l’empêcher d’instaurer toute présence ou pouvoir sur les territoires syriens. Et la Russie affronte un autre problème concernant la concordance entre l’allié turc et les alliés syrien et iranien en ce qui concerne la crise d’Idleb. Autre problème, l’insistance de la Turquie à être militairement présente au nord de la Syrie, une présence sous le nom de « zone de sécurité » sur les territoires syriens pour des considérations sécuritaires turques. Et ces réclamations sont refusées de la part de la Syrie et de l’Iran.

Les défis qu’affronte actuellement la Russie ressemblent peut-être à l’impasse dans laquelle les Américains se sont retrouvés à la suite de la dernière escalade israélienne contre l’Iran en Syrie. Effectivement, les dernières agressions israéliennes commises à l’aube du 21 janvier dernier aux alentours de l’aéroport international de Damas portent de nouvelles significations entre Tel-Aviv, Damas, Téhéran et Moscou. Et ces significations impliquent de nouvelles règles du jeu. La première est la reconnaissance israélienne sans précédent d’avoir commis ces agressions. Cette reconnaissance implique un certain défi, comme l’a déclaré le chef du gouvernement Netanyahu en disant: « Les forces aériennes ont frappé des objectifs iraniens en Syrie, après que l’Iran avait lancé un missile en provenance de la Syrie en direction d’Israël ». Il a ajouté: « Nous n’allons pas permettre de tels actes agressifs… Nous oeuvrons contre l’Iran et contre les forces syriennes qui sont les outils de l’agression iranienne ». Quant à la seconde considération, elle porte sur les répercussions du retrait américain de la Syrie sur la sécurité d’Israël et son insistance à prouver qu’il défendra à tout prix sa sécurité, malgré ce retrait. Troisièmement, l’insistance syrienne à répondre à ces attaques et frapper de nombreux objectifs ennemis. Enfin, les réponses iraniennes caractérisées par la force, et qui se sont reflétées à travers les déclarations de Ali Shamkhani, secrétaire général du Conseil iranien de la sécurité nationale. Celui-ci a menacé que n’importe quelle attaque contre l’Iran signifierait une annonce de guerre dans laquelle l’Iran n’hésiterait pas à s’engager. Et le commandant des forces aériennes iraniennes a également assuré la disposition « des forces de son pays à s’engager dans un combat avec Israël et le supprimer de l’existence ».

Comment la Russie va-t-elle traiter ces considérations contradictoires? Est-ce que Poutine va réussir à calmer la colère de Hassan Rohani, et désamorcer ce qui peut être considéré comme une guerre probable entre l’Iran et Israël? Pourra-t-il convaincre Israël de stopper cette escalade ?

D’un côté, il y a l’Iran qui veut renforcer sa présence en Syrie, et de l’autre, il y a Israël qui veut empêcher cette présence. La position de Poutine est très critique, parce que Téhéran est tout à fait convaincu qu’Israël ne peut déclencher de telles attaques sans obtenir un feu vert de la part de la Russie. Cette conviction a été renforcée par un silence russe qui a duré trois jours qui ont suivi les attaques.

L’impasse de la Russie avec le président turc n’est pas moins difficile. Si la Russie veut continuer à contenir la Turquie après le retrait américain, elle refuse les activités turques au nord de la Syrie ainsi que la lenteur turque en ce qui concerne le règlement du dossier d’Idleb. La Russie a l’intention d’imposer le choix militaire afin de liquider les foyers du terrorisme sur les territoires syriens. En ce qui concerne ce point, la Russie est très proche de la Syrie et de l’Iran, mais se trouve en conflit d’intérêts avec la Turquie.

Il semble que la Russie insiste à en finir avec le problème d’Idleb, c’est ce que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Verchinine, a tenu à éclaircir en assurant à la presse que « la Russie ne permettrait pas la présence des noeuds terroristes », en disant qu’Idleb est « la dernière poche parmi les 4 zones démilitarisées, conclues en 2017 ». Les déclarations de Verchinine viennent donc assurer que la Russie considère Idleb comme une partie intégrale de l’Etat et des territoires syriens, et « nous n’allons pas permettre l’existence de noeuds terroristes en Syrie ».

Pour ce qui est de la Turquie, ses positions sont différentes. Elle est en conflit avec les Etats-Unis pour imposer sa volonté à travers l’instauration d’une zone de sécurité d’une profondeur de 30 km dans le nord de la Syrie au détriment des Forces démocratiques syriennes et des Unités kurdes de protection du peuple qui sont alliées à Washington. La Turquie tente également de convaincre la Russie de reporter toute action militaire, afin de régler la crise d’Idleb jusqu’à ce que l’armée turque achève ses missions au nord de la Syrie, que ce soit à l’est ou à l’ouest de l’Euphrate, face aux Unités de protection du peuple, soutenues par les Etats-Unis.

Dans ce contexte d’intérêts contradictoires et d’escalades échangées, le président russe est appelé à trouver des solutions à tous ces défis .

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