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Des « fake news » au Salon du livre

Lundi, 11 février 2019

L’information a été publiée sur un site Web israélien : l’ambassade américaine au Caire a boycotté le Salon du livre du Caire à cause de la présence sur les rayons de livres antisémites comme Mein Kampf d’Adolf Hitler, Les Protocoles des sages de Sion ou Le Juif international du pionnier de l’industrie automobile américaine, Henry Ford.

Selon ce site nommé Jewish News Syndicate, l’ambassade aurait envoyé maintes protestations aux autorités égyptiennes à ce sujet, et que celles-ci les auraient ignorées. Alors que ces mêmes autorités, toujours selon le site, prenaient soin de retirer tous les livres critiques à l’égard du gouvernement égyptien. L’ambassade américaine aurait donc décidé de fermer son pavillon.

Des « fake news » au Salon du livre

Depuis son élection, le président américain, Donald Trump, nous casse la tête avec ce qu’il appelle les « fake news » et il n’a eu de cesse d’attaquer les médias américains à cause de leur diffusion de fausses informations. Or, ces fake news dont parle Trump prennent tout leur sens dans le cas de ce site, qui se targue d’être repris par une centaine de journaux à travers le monde, et qui se présente comme le site le plus fréquenté parmi ceux qui s’intéressent à Israël et aux affaires juives. Au bout du compte, on ne serait pas surpris de voir les médias américains reprendre à leur tour cette histoire, qui ne renferme aucune information véridique.

D’abord, l’ambassade américaine n’a pas boycotté le Salon du livre. La représentante de l’ambassadeur a inauguré le pavillon de son pays avec le conseiller culturel de l’ambassade. C’était quelques jours après le lancement du Salon, un retard justifié par le « shutdown » ou l’arrêt des activités gouvernementales, comme on pouvait le lire sur une note affichée à l’entrée du pavillon. Quant à cette histoire de protestations que, d’après ce site, les Américains auraient adressées oralement et par écrit au gouvernement égyptien, j’ai appris de sources sûres que les autorités égyptiennes n’en ont reçu aucune et qu’aucun titre n’a été retiré des rayons, pour autant que de tels livres fussent exposés.

Le site israélien a publié une photo à l’appui, une étagère de livres dont Al-Fil Al-Azraq d’Ahmad Mourad, Al-Tantouriah de Radwa Achour, Al-Yater de Hanna Mineh, le dictionnaire Oxford, etc. Mais cette photo datant de 2015, comme l’explique la légende en dessous, est celle d’un vendeur ambulant de livres à Ramallah et n’a visiblement rien à voir avec le Salon du livre du Caire.

Et comme c’est souvent le cas avec les réseaux électroniques partisans du mouvement sioniste mondial, le Centre Simon-Wiesenthal s’est empressé de saluer la prétendue décision de l’ambassade américaine du Caire, appelant les autres pays participants au Salon du livre à faire de même.

Le plus frappant dans cet article inventé de toutes pièces et bourré de mensonges, c’est le fait qu’il ait été publié le 7 février, soit deux jours après la clôture du Salon. Mais pour que les appels au boycott soient plausibles, le site israélien a ajouté un mensonge de plus en affirmant que le Salon du livre était ouvert jusqu’au 10 février.

A ce point ? Le manque de professionnalisme peut-il amener un média sioniste à alimenter en mensonges une centaine de journaux avec un article qui ne renferme pas une seule vraie information ? Les tendances idéologiques peuvent-elles être si abrutissantes ? L’abjecte partialité envers l’Etat juif implique-t-elle la falsification des faits et la diffusion de tous ces mensonges ?

J’ai essayé de chercher dans cet article consacré au Salon international du livre du Caire des informations qui pourraient intéresser le lecteur, mais tout ce que j’ai trouvé c’est qu’il a accueilli 2 millions de visiteurs cette année, et que c’était l’événement le plus important pour les éditeurs arabes. Il s’agissait bien entendu de mettre en évidence l’importance du « boycott » américain ainsi que l’énormité d’exposer de tels livres à l’occasion de la plus importante manifestation culturelle arabe.

Loin de ces mensonges et des fausses nouvelles, le Salon a réalisé cette année l’un de ses plus grands succès depuis son lancement, il y a un demi-siècle. Après son déménagement au Nouveau Caire, le nombre de visiteurs a largement dépassé les faibles attentes, ce qui laisse augurer de futures éditions encore plus réussies dans son nouvel emplacement. Quant aux fausses nouvelles israéliennes, qui visent les réussites égyptiennes et arabes, elles n’ont de place qu’à la poubelle de l’histoire.

Nous devons faire remarquer au président américain qu’Israël, son allié auquel il voue une déshonorante loyauté, est le plus grand réservoir de ces fake news dont il ne se lasse pas de parler. Mais il paraît que la partialité envers Israël ne peut passer qu’à travers la fabrication de mensonges et le dédain de la vérité.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël n’est-ce pas une falsification et un dédain de la vérité ? Le rejet américain d’un projet de déclaration du Conseil de sécurité déplorant la décision israélienne de mettre fin à une mission internationale d’observateurs basée à Hébron n’est-il pas une falsification et un dédain de la vérité ? Cette falsification et ce dédain ne sont-ils pas communs à toutes les décisions de Trump relatives à Israël ? .

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