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Le problème de l’Iran

Lundi, 04 février 2019

Après la décision de Donald Trump, le 19 décembre dernier, de retirer les troupes américaines de Syrie, les pays de la région craignent une montée en puissance de l’Iran au Proche-Orient. La présence militaire iranienne sur le sol syrien est perçue désormais comme une menace directe par de nombreux pays de la région, notam­ment l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et bien sûr Israël, ennemi juréde Téhéran. L’Administration amé­ricaine considère, elle aussi, que «lIran doit impérativement quitter la Syrie », jugeant la présence iranienne dans ce pays comme contraire àses intérêts régionaux. Washington exige d’ailleurs un retrait iranien de Syrie, entre autres conditions, pour annuler les sanctions imposées au régime iranien dans le cadre du dossier nucléaire.

Mais comment l’Administration Trump entend-elle accomplir cette tâche, alors que les troupes améri­caines sont censées quitter l’Iran d’ici quelques mois? Les Américains espè­rent accentuer les pressions écono­miques et financières sur le régime iranien pour l’obliger àalléger ses dépenses militaires extérieures et l’amener àréduire sa présence en Syrie. Mais ce facteur seul ne suffit pas. Et les regards de Washington semblent désormais se tourner en direction de Moscou. Les Russes, qui ont soutenu àoutrance le régime de Bachar Al-Assad, tout comme les Iraniens d’ailleurs, sont désormais maîtres de la Syrie. Le conseiller àla sécuriténationale amé­ricain, John Bolton, aurait eu de longues discussions sur l’Iran avec les respon­sables russes. Le problème est que les Russes ne peuvent pas seuls écarter totalement l’Iran. D’abord, parce que les Iraniens sont extrêmement bien implantés en Syrie. Le régime iranien a dépensédes milliards de dollars pour stabiliser Bachar Al-Assad et empêcher sa chute. De plus, les relations entre Damas et Téhéran, qui remontent àla Révolution iranienne de 1979, ont tou­jours étébonnes. La Syrie a étéle premier pays àreconnaître la République islamique et elle était le seul pays arabe àsoutenir l’Iran dans sa guerre contre l’Iraq (1980-1988). De plus, Damas a aidél’Iran àalimenter le Hezbollah libanais pro-iranien en armes et en équipements. L’Iran entend d’ailleurs jouer un rôle majeur dans la reconstruction de la Syrie. Tous ces facteurs font qu’il sera extrêmement difficile «dexpulser »l’Iran de la Syrie. Moscou peut seulement aider àlimiter l’influence iranienne et non pas de l’éradiquer totalement, surtout que les Russes possèdent des intérêts écono­miques et commerciaux avec le régime islamiste. Le président russe, Vladimir Poutine, peut maintenir une certaine pression sur l’Iran en laissant les mains libres àIsraël pour frapper des cibles iraniennes en Syrie.

Face àtoutes ces considérations, les Américains et d’autres pays de la région se tournent désormais vers le président syrien Bachar Al-Assad. La logique est que ce dernier, une fois la guerre terminée, n’aurait plus autant besoin de l’Iran. Les Américains seraient prêts ànormaliser leurs rela­tions avec le régime de Bachar Al-Assad, en échange d’une mise àl’écart de l’Iran. Et comme l’a affirméun ancien conseiller de la Maison Blanche: «Assad est le problème, mais il pourrait devenir aussi une partie de la solution ».

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