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La cause palestinienne à la croisée des chemins

Dimanche, 16 décembre 2018

Nous ne pouvons pas parler de la stabilité du Moyen-Orient sans parvenir à une vision complète et acceptable concernant le règle­ment de la question palestinienne sur une base équitable et conformé­ment aux résolutions internatio­nales connues. Pour avoir une image complète, nous devons d’abord essayer de comprendre les caractéristiques de la situation qui prévaut aujourd’hui et qui a prévalu hier. C’est ce qu’on peut résumer dans les points suivants :

Premier point: le gel des négo­ciations israélo-palestiniennes pen­dant plus de quatre ans sans le moindre indice d’une reprise du processus politique. Certaines par­ties concernées continuent de revendiquer, en théorie, la reprise des négociations, sans aller plus loin.

Deuxième point: le gouverne­ment de Benyamin Netanyahu poursuit sa politique du fait accom­pli à travers l’annexion et la judaï­sation graduelle des Territoires palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem.

Troisième point: l’Autorité palestinienne prend activement par­tie aux instances internationales pour obtenir des gains légaux et politiques qui, même s’ils ne se sont pas concrétisés sur le terrain, restent pertinents pour la cause palestinienne en général. En paral­lèle, l’Autorité palestinienne conti­nue d’afficher son opposition aux politiques partiales des Etats-Unis qui ne sont plus considérés comme un partenaire équitable, ou une référence exclusive en ce qui concerne le processus de paix.

Quatrième point: l’Egypte pour­suit ses efforts pour mettre fin aux divisions interpalestiniennes et pour empêcher l’escalade de la ten­sion entre Israël et la bande de Gaza, afin de mettre fin au blocus israélien imposé à ce territoire. Entre-temps, la tension a augmenté d’un cran dans certaines villes de Cisjordanie où des affrontements ont eu lieu entre Israéliens et Palestiniens.

Le cinquième point concerne la politique des Etats-Unis, notam­ment leur soutien absolu à Israël, en particulier en ce qui concerne la question de Jérusalem, et leur posi­tion endurcie contre l’Unrwa. Tout semble préparer le terrain au fameux « deal du siècle » qui omet les questions cruciales de Jérusalem et des réfugiés.

Ces cinq points permettent de conclure que la situation est très complexe et que de grands efforts sont nécessaires pour la débloquer. Chacune des parties concernées a ses propres problèmes et agit de façon à servir ses propres intérêts et pas forcément ceux des Palestiniens. Aux niveaux régional et internatio­nal, aucun effort sérieux pour mettre fin à cette situation n’a été fait.

Nous devons soulever un certain nombre de questions logiques: Est-il possible d’améliorer, ne serait-ce que légèrement, la situation des Palestiniens? La réconciliation interpalestinienne est-elle possible dans l’avenir proche? Existe-t-il une lumière au bout du tunnel ? Ledit accord du siècle sera-t-il la solution à la cause palestinienne ? Les positions israéliennes risquent-elles de changer? Les Arabes vont-ils entreprendre une démarche sérieuse en faveur des Palestiniens ?

A mon avis, quatre principales parties (l’Egypte, Israël, la Palestine et les Etats-Unis) détermineront leurs positions dans la prochaine période. Cela se fera dans le cadre suivant :

— L’Egypte poursuivra ses efforts en faveur d’une réconcilia­tion interpalestinienne et en faveur d’un apaisement entre Israël et Gaza pour un allègement du blocus imposé sur ce territoire. Ce deu­xième objectif est plus réalisable que la réconciliation interpalesti­nienne.

— Israël continuera à rejeter toute solution incompatible avec sa vision de sa propre sécurité. Cette position rendra encore plus diffi­ciles les efforts régionaux et inter­nationaux pour relancer le proces­sus politique.

— Les Palestiniens continueront à rechercher la bonne formule pour une réconciliation acceptable dans le cadre du principe « une autorité, une arme, une loi », tout en sollici­tant l’appui international pour la relance des pourparlers de paix sur des bases équitables.

— L’Administration américaine pourrait dévoiler son plan de paix pour le Proche-Orient. Celui-ci, quelle que soit sa dénomination, ne tiendra pas compte de la plupart des demandes arabes et palesti­niennes, et sûrement pas celles qui concernent les réfugiés et la ville de Jérusalem.

A la lumière de ce qui précède et avec les positions de chacun, éclaircies au-delà de toute ambi­guïté, il devient clair qu’il appar­tient aux Arabes et aux Palestiniens de prendre les choses en main pour faire évoluer la situation. Le sou­tien de l’Europe reste important, étant donné les bonnes relations avec les pays européens et les inté­rêts de ceux-ci dans la région. Notons à cet égard que l’Assem­blée générale de l’Onu a adopté le 6 décembre, avec une majorité des deux tiers, une résolution proposée par l’Irlande en vertu de laquelle elle demande que « soit mis fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 », au moment où les Etats-Unis ont échoué à faire condamner le Hamas à l’Onu.

En fin de compte, il nous incombe, en tant qu’Arabes et Palestiniens, d’agir sans délai pour atteindre les trois objectifs suivants :

— Parvenir à un accord qui met­trait fin aux divisions palestiniennes et il est essentiel que le Hamas fasse toutes les concessions nécessaires et qu’en échange, l’Autorité palesti­nienne assume toutes ses obligations envers la bande de Gaza.

— Les pays arabes doivent tenir à leur vision de paix globale avec Israël, comme prévu dans l’initia­tive du sommet de Beyrouth en 2002. Les Arabes ne doivent accep­ter qu’un Etat palestinien indépen­dant et souverain avec Jérusalem-Est pour capitale. Cette intransi­geance leur permettra de rejeter toute solution en deçà de leurs demandes.

— Les Arabes doivent se montrer favorables à la reprise, le plus rapi­dement possible, des négociations israélo-palestiniennes sur des bases acceptées par tous. Cette prise de position encouragera toutes les par­ties concernées, notamment les Européens, à emprunter ce chemin.

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