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Le siège à côté du président

Mardi, 13 novembre 2018

Il était assis au premier rang, à côté du président Abdel-Fattah Al-Sissi, au Forum mondial de la jeunesse organisé à Charm Al- Cheikh. Le lendemain, ses photos faisaient la une des journaux égyptiens qui ont couvert l’événement. Il s’agit du jeune Canadien Olivier Roy, originaire de Montréal et qui poursuit ses études supérieures de politique publique en Russie.

A la fin de la session, j’ai demandé à Olivier comment avait-il fait pour participer au forum ? Il m’a expliqué qu’il s’intéressait au Forum mondial de la jeunesse depuis le lancement sa première édition l’an dernier et qu’il était curieux de découvrir d’autres sociétés, d’où son choix de poursuivre ses études académiques loin de son pays. A travers le site Internet du forum, il a donc envoyé une demande pour participer à cette nouvelle édition.

« A vrai dire, je n’avais pas beaucoup d’espoir d’être accepté, étant donné que près de 5 millions de jeunes de partout dans le monde suivent ce site. Je me sentais comme une goutte d’eau dans un océan et je me suis dit qui s’intéresserait à moi ? Mais je m’étais inscrit quand même et j’ai continué à consulter le site régulièrement, jusqu’au jour où, à ma grande surprise, j’ai trouvé ma demande acceptée », a-t-il raconté.

Je lui ai demandé ce qu’il pensait du forum et il m’a répondu : « Je pense que ce forum est une expérience unique. Non seulement c’est l’un des plus importants rassemblements de jeunes à l’échelle mondiale, mais c’est aussi une tentative d’habiliter ces derniers. Ce sont les jeunes qui tiennent les rênes de ce forum, ils partagent leurs vues dans tous les domaines, ils simulent le fonctionnement des organisations internationales et apprennent la participation et le leadership. J’ai aussi découvert que les organisateurs du forum sont des jeunes gens. Ce forum n’est pas une fantaisie ou une chimère que ces jeunes sont invités à vivre pendant trois jours et après quoi ils reviennent sur terre ; au contraire, ces jeunes ont vu comment beaucoup de leurs propositions et recommandations ont été prises au sérieux ; et comment ils ont eu une influence sur les dossiers débattus ».

Et d’ajouter : « J’ai pu voir de ma place à côté du président Sissi comment celui-ci notait certaines remarques faites par les jeunes, et comment il validait leurs propositions. Par exemple, une jeune femme a proposé l’organisation d’un rassemblement de jeunes Africains en Egypte, surtout que l’Egypte assurera la présidence de l’Union africaine l’année prochaine. Selon elle, en partageant leurs vues, les jeunes pourraient ainsi avoir une influence sur l’avenir du continent africain. A la fin du forum, le président a désigné la ville d’Assouan comme capitale des jeunes pour l’année 2019 et décidé qu’elle accueillerait le rassemblement de la jeunesse africaine proposé par la jeune femme ».

Olivier Roy poursuit : « Je me suis beaucoup arrêté sur cette décision parce que je m’intéresse à l’Afrique, ainsi qu’à la Chine et à l’Inde, je pense que l’avenir témoignera d’un rôle majeur de ces pays sur la scène internationale. Et c’est normal que l’Egypte ait sa part dans ce mouvement, d’où mon intérêt à l’agenda 2063 auquel le forum a consacré une session principale ».

Je lui ai demandé comment il avait été choisi pour prendre sa place à côté du président, et il m’a répondu qu’il ne savait pas. « Un jeune organisateur m’a demandé de façon spontanée si je pouvais m’installer à côté du président lors de la prochaine session qui allait commencer. J’ai bien sûr accepté avec plaisir, c’était la première fois que je m’installe à côté d’un président de la République. Il en a été de même pour la jeune femme qui occupait le siège de l’autre côté du président ».

Je lui ai demandé s’il avait parlé au président.

« Non. Je l’ai trouvé absorbé par les discours des intervenants tout en prenant des notes dans un calepin qu’il gardait avec lui. Je n’ai pas voulu le déranger », a-t-il répondu.

— « Et si tu devais lui parler qu’est-ce que tu lui aurais dit ? ».

— « J’allais exprimer mon admiration pour tout l’intérêt qu’il accorde aux jeunes. Mais cela, beaucoup de gens ont dû le lui dire ».

Dans l’avion qui nous a amenés à Charm Al- Cheikh, nous avions pris notre place et attendu le décollage pendant plus d’une heure. Une jeune femme bosniaque dans le siège à côté commençait à s’ennuyer. A peine ai-je commencé à lui parler qu’elle m’a bombardé de questions sur l’Egypte, la ville de Charm Al-Cheikh, la situation économique, etc. Je voulais savoir comment elle a pu participer au forum. Elle m’a expliqué qu’elle avait été choisie par son université et qu’elle était particulièrement intéressée aux ateliers de travail organisés en marge du forum et que cela allait lui servir dans ses études de sciences politiques.

Moustapha Ihab, un informaticien égyptien âgé de 25 ans, exprimait lui aussi sa joie de participer au forum. Je lui ai demandé de me parler plutôt de ce qu’il n’a pas aimé. Il a dit, sans hésiter, le manque de ponctualité. « La séance d’ouverture a tardé près d’une heure et la pause au milieu de la séance de clôture, durant laquelle nous étions interdits de quitter la salle, a duré plus d’une heure et demie ». J’ajouterais une autre remarque, à savoir l’importance de consacrer dix ou quinze minutes à la fin de chaque session pour écouter les commentaires des jeunes et leurs remarques sur les discours des intervenants. A la fin de la session à laquelle il a pris part, l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a pertinemment fait remarquer au rapporteur qu’il ne fallait pas terminer sans écouter l’avis des jeunes.

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