La décision du Conseil central palestinien, organe-clé de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), de suspendre la reconnaissance de l’Etat d’Israël et d’arrêter toute coopération sécuritaire en Cisjordanie avec l’Etat hébreu montre toute l’étendue de la frustration palestinienne face à une paix qui ne vient pas. A l’issue de deux jours de réunion à Ramallah en Cisjordanie occupée, le Conseil a exprimé le souhait que cette suspension se prolonge jusqu’à la reconnaissance de l’Etat de Palestine par Israël. Le Conseil central a en outre autorisé l’OLP, qui représente les Palestiniens des Territoires et de la diaspora, et l’Autorité palestinienne à « mettre fin à leurs obligations (...) concernant les accords avec les autorités d’occupation », selon un communiqué. Le Conseil central avait déjà lancé de tels appels en janvier et en 2015, mais ils n’avaient pas été mis en application par la direction de l’OLP et le président Mahmoud Abbas. La reconnaissance d’Israël par les Palestiniens remonte à 1988.
Certains soutiennent déjà qu’en prenant une telle décision, les Palestiniens remettent en cause les principes de la conférence d’Oslo, et donc le principe même de la paix avec Israël et celui des deux Etats. Mais les Palestiniens avaient-ils vraiment le choix ? Israël n’a-t-il pas déjà torpillé les accords d’Oslo, en perpétuant le climat de haine et d’animosité dans les territoires palestiniens, et en poursuivant la colonisation à outrance ? 25 ans après la signature de ces accords, le processus de paix est toujours au point mort, les territoires palestiniens sont toujours sous occupation. La raison ? Israël n’a jamais voulu payer le prix d’une paix juste et durable avec les Palestiniens. Et en l’absence d’un médiateur crédible et d’un mécanisme réel pour le règlement du conflit israélo-palestinien, la cause palestinienne est restée sans solution.
Les Palestiniens sont aujourd’hui livrés au désespoir le plus total. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis n’a fait qu’accentuer l’amertume des Palestiniens. L’Administration américaine multiplie depuis près de deux ans les décisions défavorables aux Palestiniens, entre autres la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et la réduction des aides américaines à l’UNRWA, agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens.
La décision du Conseil palestinien apparaît comme un cri de désespoir face à une situation qui n’était plus tenable. Elle vise à accentuer la pression sur Israël et à mettre la communauté internationale face à ses responsabilités. C’est aussi la réponse des Palestiniens au fameux deal du siècle proposé par Donald Trump, un projet que l’Administration américaine tient encore en secret et qui serait totalement favorable à Israël. Il reste à savoir si l’appel de détresse des Palestiniens sera entendu par la communauté internationale, ou bien si celle-ci fera la sourde oreille. Car les Palestiniens ont fait de multiples concessions, mais n’ont rien reçu en retour .
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