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Deux remarques dans mon carnet

Dimanche, 28 octobre 2018

Dans mon carnet de notes, j’ai ins­crit la semaine passée 2 remarques. La première était : Le prince héritier et l’étoile brillante. Des nuages noirs couvrent encore le ciel de l’Arabie saoudite à cause du crime atroce commis contre le journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Et il semblerait qu’ils ne soient ni sur le point de se dissiper ni de se transformer en pluies orageuses et dévastatrices capables d’instaurer une nouvelle réalité. Bien que Khashoggi lui-même ne soit pas tout à fait innocent à cause de son appartenance à la confrérie des Frères musulmans et de ses relations avec les services secrets, le crime qui a été commis ne ressemble à aucun autre dans son atrocité à part les crimes commis de façon méthodique par Israël contre les Palestiniens, les femmes, les enfants, les jeunes et les personnes âgées.

Mais la différence est que les médias occi­dentaux, qui parlent toujours de la nécessité de sauvegarder les droits de l’homme, ne s’arrêtent pas longtemps devant ces crimes.

Ce qui retient l’attention c’est la façon avec laquelle le prince héritier saoudien, l’émir Mohamad bin Salman, a dépassé l’incident du meurtre et ses répercussions et a réussi à s’imposer avec force pendant la Conférence de Davos du désert, tenue en Arabie saoudite. Pour un certain temps, il a réussi à dissiper les nuages qui pesaient au-dessus des têtes grâce à la vision prometteuse qu’il a proposée pour l’avenir de la région arabe. Une vision basée sur des vérités et des chiffres et non pas sur des pensées et des suppositions, comme celles qui ont causé les nuages noirs actuels. Au cours de la conférence, le prince héritier semblait avoir confiance en lui-même, prou­vant aux participants que notre région possé­dait les facteurs qui lui permet­traient d’avoir la même pesan­teur que l’Europe dans une renaissance future grâce au progrès en cours dans un nombre de pays arabes. Il a cité l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït et même le Qatar malgré les différends qui existent entre les deux pays. Et il a cité l’Egypte en disant qu’il avait lui-même vu ses projets colossaux qui allaient changer la vie dans le pays.

Le prince héritier a présenté la vision à laquelle nous aspirions. A part la vision que le président Abdel-Fattah Al-Sissi propose pour une nouvelle Egypte, le discours arabe autour de nous ne parle que de la destruction quoti­dienne qui se propage dans les pays voisins. Quant au discours de Mohamad bin Salman, il a réussi, en dépassant l’incident de Khashoggi, à dépasser également le discours de destruction pour prédire un avenir proche qui apparaît à l’horizon arabe comme une étoile brillante au milieu des nuages noirs.

La deuxième remarque était : Ni Nasser ni Sadate. Pendant que nous fêtions le mois passé le 45e anniversaire de la victoire d’Oc­tobre, je me suis longtemps arrêté devant la capacité du peuple égyptien à être présent dans les grands événements à travers les époques.

La guerre d’Octobre en est le meilleur exemple. Il est courant d’observer cette guerre dans le contexte de l’époque de Sadate seulement, puisqu’elle s’est déroulée pendant qu’il était président. Mais la vérité est que la guerre d’Octobre n’a pas été subite, elle a été préparée bien avant. Et bien que la direction politique pendant la phase de préparation ne soit pas la même durant la phase de la guerre, dans les deux cas, le peuple égyptien était présent sur la scène. Et c’est la position du peuple qui avait poussé les direc­tions politiques à réagir. Après la défaite de 1967, le peuple égyptien et les peuples arabes étaient sortis par millions dans les rues les 9 et 10 juin pour exprimer leur refus de la démission du président Nasser. Celui-ci avait ensuite annoncé dans ses discours que les foules voulaient lui adresser un message : effacer la défaite et réaliser la vic­toire.

C’est ainsi que Nasser avait immédiatement commencé à reconstruire l’armée sur 3 niveaux, à commencer par la nature du soldat égyptien. Auparavant, la majeure partie de l’armée était composée de fils de gens simples comme les ouvriers et les paysans. La pre­mière décision était alors d’intégrer dans l’armée les jeunes diplômés de l’université. Je me souviens encore que j’avais obtenu une exemption du service militaire parce que je portais des lunettes, puis quand ce fut le tour de mon jeune frère, qui devait se présenter au service militaire après la défaite de 1967, il n’a pas été exempté bien que sa vue ait été beaucoup plus faible que la mienne.

La deuxième décision était de remplacer les armes perdues dans la guerre. Nasser a recon­nu que les pertes avaient atteint 80 % de nos forces militaires. Il avait alors conclu des accords d’armement avec l’Union soviétique.

Cependant, Sadate avait déclaré qu’il n’avait reçu aucune arme de la part de Moscou depuis le début de sa présidence. La troisième décision était la formation des forces armées qui s’est réalisée pendant la guerre d’usure qui a commencé immédiate­ment après la défaite par la bataille de Ras Al-Eich puis la destruction du destroyer Eilat.

Cette guerre a duré 3 ans durant lesquels Israël a subi de grands dégâts. Sans changer la nature du combattant égyptien, son appro­visionnement en arme et sa formation, il n’aurait été possible ni de déclencher la guerre ni de réaliser la victoire.

Et comme le peuple a poussé Nasser à pré­parer la guerre, à chaque fois qu’il visitait le front, les soldats lui demandaient : Quand est-ce qu’on va traverser le Canal de Suez ? C’est donc aussi le peuple qui a poussé Sadate à prendre la décision de la guerre.Effectivement, les troubles dominaient le pays et il y avait des protestations partout appelant Sadate à mettre fin à l’état de ni guerre ni paix qui régnait dans le pays depuis la mort de Nasser. C’est alors que Sadate a pris sa décision his­torique de déclencher la guerre qui a réalisé la victoire pour les Arabes.

Il est donc très superficiel de diviser notre histoire conformément aux phases de pouvoir et de dire que la défaite appartient à Nasser et que la victoire appartient à Sadate, car il y a un lien entre les deux époques, aussi fort et persistant que le Nil qui coule depuis toujours et jusqu’à l’éternité sur la terre d’Egypte. Ce lien est le peuple égyptien uni qui crée son histoire .

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