Les présidents russe, Vladimir Poutine, français, Emmanuel Macron, turc, Recep Tayyip Erdogan, et la chancelière allemande, Angela Merkel, se sont réunis cette semaine dans la capitale turque, Istanbul, pour un sommet inédit axé sur la Syrie. Le sommet, qui marque le retour de la France et de l’Allemagne dans les négociations sur la crise syrienne, a porté sur la situation à Idleb et les suites du processus politique en Syrie, avec en ligne de mire la formation d’un comité constitutionnel qui doit commencer à travailler sur la future Constitution syrienne. Les derniers événements en Syrie ont confirmé la victoire du régime syrien, appuyé par la Russie, sur les rebelles. L’accord conclu le mois dernier entre Moscou et Ankara, en faveur d’une zone démilitarisée à Idleb et d’un retrait plus au nord des factions rebelles retranchées dans cette région, semble avoir scellé le sort de l’opposition djihadiste. Et pour les acteurs de la scène syrienne, il s’agit de se replacer en vue de l’après-guerre, avec deux objectifs principaux, à savoir négocier une paix durable et reconstruire la Syrie. On remarquera cependant l’absence de deux acteurs majeurs du conflit syrien, à savoir les Etats-Unis et l’Iran, eux-mêmes en conflit sur le dossier nucléaire iranien.
Les Occidentaux veulent avant tout stabiliser la Syrie. Car le conflit syrien a donné lieu à une vague sans précédent de réfugiés syriens dont le nombre a franchi la barre des 5 millions. Ces réfugiés représentent un lourd fardeau pour les pays occidentaux. « Nous tablons sur le fait que nous pourrons faire des progrès en vue d’une stabilisation de la Syrie, tout en sachant que ce processus sera très compliqué et durera des années », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.
Mais pour réaliser cette stabilité, l’Occident va devoir participer à la reconstruction de la Syrie. Depuis quelques mois déjà, Vladimir Poutine tente de convaincre ses homologues européens de la viabilité d’une sorte de plan Marshall financé par l’Occident, et qui permettrait la reconstruction de la Syrie et le retour des réfugiés syriens d’Europe. Le chef du Kremlin veut à présent faire fructifier sa victoire politique en Syrie. La Russie, qui a dépensé des milliards de dollars depuis son intervention militaire en 2015, souhaite elle aussi mettre fin au conflit et stabiliser le pays, véritable jalon dans la stratégie de Moscou au Proche-Orient. Quant à Recep Tayyip Erdogan, il cherche à se poser en interlocuteur des pays occidentaux, et à montrer qu’il peut être un bon partenaire de l’Occident en dépit des problèmes entre Ankara et l’Union européenne.
Le sommet d’Istanbul reflète les ambitions des uns et des autres. Mais amener le régime syrien à négocier une issue politique à la crise et mettre en place une nouvelle Constitution ne sera pas une tâche facile .
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