Donald Trump avait plaidé durant sa campagne électorale, et après son arrivée au pouvoir en 2016, en faveur d’une politique de désengagement, laissant ainsi présager un retrait des troupes américaines opérant dans différentes régions du monde. Mais il n’en fut rien. Le président américain vient de déclarer que « les Etats-Unis ne quitteront pas la Syrie tant que l’Iran y conservera des troupes ». Le chef de la Maison Blanche est visiblement sous l’influence des faucons de son Administration, qui considèrent que la présence militaire américaine en Syrie est impérative pour contrer l’influence iranienne. Washington dispose de 2000 soldats en Syrie, officiellement pour combattre Daech. Mais l’organisation extrémiste, affaiblie, n’est plus vraiment dans le collimateur des Américains. Car l’objectif premier de la présence américaine en Syrie à présent est de juguler l’influence iranienne. Les faucons de l’Administration américaine craignent que la Russie ne soit favorable au maintien sine die des troupes iraniennes en Syrie. L’Iran a joué un rôle primordial pour maintenir Bachar Al-Assad au pouvoir.
L’objectif des Américains est de rassurer leur allié israélien pour qui la présence militaire iranienne en Syrie, via les unités d’élite des Gardiens de la Révolution, et les milices chiites, est inacceptable. Les Américains sont également convaincus que la présence de l’Iran en Syrie alimentera l’extrémisme et favorisera le retour des groupes terroristes sunnites en Syrie comme Al-Qaëda.
Washington veut à tout prix casser l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah. Mais cette stratégie américaine se heurte à plusieurs obstacles. Le premier est bien évidemment la présence de la Russie sur le sol syrien. Washington est aux prises avec Moscou depuis deux ans en Syrie. Les deux superpuissances se livrent à un véritable jeu de cache-cache. Tandis que les Russes soutiennent le régime de Bachar Al-Assad, les Américains, eux, appuient l’opposition syrienne dite modérée. Les deux camps ont toujours pris soin d’éviter un affrontement direct, mais leurs intérêts sont diamétralement opposés et des frictions ne sont pas exclues. Washington voit d’un mauvais oeil la livraison, par la Russie, de systèmes de missiles S-300 à Damas, un fait qui protège de facto les troupes iraniennes stationnées dans ce pays. Un autre différend oppose Moscou à Washington au sujet de la région d’Al-Tanf située entre la Syrie, l’Iraq et la Jordanie. La Russie a annoncé qu’elle y mènerait des frappes de précision contre les groupes terroristes, ce qui a mécontenté les Américains qui disposent de troupes dans cette région. « Les Etats-Unis et leurs partenaires n’ont besoin d’aucune assistance pour combattre Daech et nous avons conseillé les Russes d’en rester à l’écart », avait répliqué le Pentagone.
Outre la présence russe, il est peu probable que Téhéran lâche facilement la Syrie. Le régime iranien a dépensé des milliards de dollars et a perdu des centaines de combattants pour soutenir Assad. Là aussi, des frictions entre troupes américaines et milices pro-iraniennes pourraient survenir. De quoi prolonger indéfiniment le conflit en Syrie .
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