« Ou bien ils rendent les armes dans le cadre de l’amnistie en vigueur depuis quatre ou cinq ans, ou bien ils seront liquidés comme les autres terroristes », déclarait cette semaine Bachar Al-Assad, en évoquant les quelques poches rebelles qui existent encore au sud de la Syrie. Après la Ghouta orientale, reconquise par le président syrien en avril dernier, l’armée syrienne a lancé le 19 juin une vaste offensive pour reprendre le contrôle des régions sud du pays encore sous contrôle des rebelles. Les troupes syriennes reprennent peu à peu le contrôle des provinces de Qouneitra et de Deraa au sud-ouest. Prochain objectif : Idlib au nord-ouest près des frontières turques. Quant à la province de Deraa, un accord a été conclu à son sujet entre le gouvernement syrien et les rebelles. Celui-ci prévoit l’instauration d’un cessez-le-feu et la remise par les rebelles de leurs armes. Avec ces victoires successives, Assad contrôle désormais plus de 65 % du territoire syrien et se pose comme le maître du pays. La fin de l’insurrection n’est plus qu’une question de temps.
En l’espace de trois ans, le régime syrien a réussi à retourner une situation clairement en sa faveur face aux rebelles et aux djihadistes. Comment ? Les succès de Bachar Al-Assad ont certes été accélérés par l’intervention militaire russe en septembre 2015, mais aussi par le soutien logistique iranien. Mais outre l’appui militaire, le soutien de Moscou s’est concrétisé aussi par une diplomatie très musclée face aux pays occidentaux, qui ne voyaient d’autres solutions au conflit syrien que le départ d’Assad. Ainsi, les Russes ont opposé à plusieurs reprises leur veto au Conseil de sécurité pour empêcher toute condamnation de Damas. Ils sont parvenus à écarter la Turquie du camp anti-Assad, en mettant à profit les craintes turques de voir émerger un Etat kurde au sud de la Turquie. Moscou a ainsi autorisé Ankara à déployer ses troupes en Syrie, en échange d’un assouplissement de la position turque vis-à-vis du régime syrien.
Face à la diplomatie active de Vladmir Poutine, les Occidentaux, eux, ont fait preuve d’un irréalisme frappant. Dès le début du conflit, ils ont parié sur un départ rapide de Bachar Al-Assad. Mais le cours des événements a donné tort aux Occidentaux qui n’ont pas tenu compte de la volonté du régime de survivre, et le soutien dont bénéficiait malgré tout Bachar Al-Assad au sein de certaines franges de la population, hantées par la recrudescence de la violence djihadiste et les attentats d’Al-Qaëda. Ces violences ont donné au président syrien un motif supplémentaire pour mobiliser les Syriens contre la « menace djihadiste ». La stratégie occidentale était à la fois irréaliste et incohérente.
Tous ces facteurs ont permis au président syrien de reprendre le contrôle des territoires rebelles. Si Assad se maintient c’est parce qu’il n’a jamais eu d’alternative viable. L’opposition n’a jamais pu se mettre d’accord et n’a jamais été en mesure de se poser en tant que représentant légitime du peuple syrien.
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