Que faut-il retenir du sommet du 12 juin entre le président américain, Donald Trump et son homologue nord-coréen, Kim Jong-un ? Le sommet, censé mettre fin aux activités nucléaires nord-coréennes, a donné lieu à une déclaration de principe signée par Washington et Pyongyang. En vertu de cette déclaration, la Corée du Nord s’engage à « dénucléariser la péninsule coréenne » et à « construire un régime de paix ».
En échange, les Etats-unis fournissent à Pyongyang des « garanties de sécurité ». Cela comprend notamment l’arrêt des « jeux de guerre », c’est-à-dire les exercices militaires menés par Washington et la Corée du Sud. « Je veux évacuer nos soldats. Je veux que nos soldats reviennent. Mais ça ne fait pas partie des calculs tout de suite. J’espère que ça le sera au final », a déclaré Donald Trump qui a vanté les qualités de son ancien ennemi.
« J’ai appris que c’est un homme très talentueux et j’ai aussi appris qu’il aimait beaucoup son pays », a ajouté Trump lors de la conférence de presse tenue à l’issue du sommet. Mais au-delà de l’étiquette diplomatique et des détails protocolaires, rien ne dit que cet accord de principe permettra de rétablir la confiance entre Pyongyang et Washington. Déjà en 1994, les deux pays avaient signé un accord pour mettre fin à leur différend nucléaire. Pyongyang s’était alors engagée à cesser son programme nucléaire en échange d’une levée des sanctions imposées à son encontre, et de la normalisation de ses relations avec Washington.
Les Etats-Unis s’étaient, eux, engagés à fournir à la Corée du Nord 500 000 tonnes de fioul par an, et à lui livrer deux réacteurs à eau légère à des fins civiles. Mais les termes de cet accord n’ont pas été respectés par les deux parties. Quelques années plus tard, en 1998, Pyongyang soulevait à nouveau une polémique en testant cette fois-ci, au-dessus de la mer du Japon, un missile balistique à moyenne portée. Sous la pression américaine, la Corée du Nord acceptera finalement de suspendre ses essais balistiques en échange d’une levée des sanctions. Mais quelques années plus tard, en 2003, c’est à nouveau le retour à la case départ. Les Nord-Coréens suscitent à nouveau la polémique en se retirant du Traité de non-prolifération nucléaire. Pyongyang est intégrée au fameux axe du mal du président Georges W Bush. Un nouvel accord est conclu en 2007 et Pyongyang accepte cette fois encore de fermer son principal réacteur nucléaire et de mettre fin à son programme nucléaire … avant de reprendre à nouveau les essais en 2009.
L’accord de principe signé à Singapour ne prévoit aucun calendrier précis pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les deux parties y ont simplement trouvé leur intérêt. En négociant en tête à tête avec le président des Etats-Unis, Kim Jong-un a restauré son image de leader international et d’interlocuteur de marque. Le régime nord-coréen s’est ainsi donné une nouvelle légitimité sur la scène internationale. Et il va tenter de s’en servir à des fins de propagande. Pour sa part, Donald Trump s’est posé en négociateur chevronné, celui qui a réussi à « faire fléchir le régime nordcoréen », un fait qui paraît utile à l’approche des élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Et si d’ici quelques mois l’accord cafouille, Donald Trump pourra toujours clamer que « c’est la faute aux Nord-Coréens ». L’accord américano-coréen apparaît davantage comme un coup médiatique permettant aux deux parties de gagner du temps, que comme un véritable engagement international .
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